Bouli Lanners (3 Magritte) et le film Close (7 Magritte) auront été les grands gagnants d’une 12ème cérémonie des Magritte où le film Rien à Foutre de Emmanuel Marre et Julie Lecoustre se sera également illustré avec trois récompenses. Retour et immersion sur une soirée entre paillettes et Duvel au Théâtre National Wallonie-Bruxelles
« Si tu me cherches, je suis au bar ! » Cette phrase lancée par un Bouli Lanners espiègle à son amie Yolande Moreau lors de leur arrivée conjointe marquait le départ d’une cérémonie des Magritte marquée sous le sceau de la Belgitude. Et qui mieux que Bouli Lanners pour représenter cette belgitude, cet état d’esprit surréaliste où la simplicité et l’épicurisme côtoient l’humilité et le labeur.
Un Bouli Lanners qui aura été l’un des grands gagnants de cette 12ème cérémonie des Magritte dans l’antre du Théâtre National Wallonie-Bruxelles avec trois récompenses. Et pas n’importe lesquelles puisque le Liégeois récemment césarisé a empoché le Magritte du Meilleur Film pour Nobody has to know, celui de la Meilleure réalisation pour le même Nobody has to know ainsi que le Magritte du Meilleur acteur pour sa performance dans La Nuit du 12. Une belle razzia donc pour celui qui aura vu ses talents d’acteur et de réalisateur primés lors de cette soirée. Et pourtant, ce Nobody has to know pourrait bien être son dernier film derrière la caméra comme il le confiera devant la presse après avoir reçu ses récompenses. Quand on lui demandera si c’était son dernier film comme réalisateur, il répondra par un « peut-être » énigmatique mais qui en dit beaucoup sur la charge mentale que représente la réalisation pour ce perfectionniste qui avait déjà confié avoir ressenti beaucoup de pression lors de la réalisation de Eldorado en 2008. « Je réfléchis longtemps avant de prendre une décision mais quand elle est prise, elle est prise », ajoutera-t-il sous les protestations de son producteur Jacques-Henri Bronckart.
Reste qu’à l’instar des César, Bouli Lanners aura illuminé cette cérémonie des Magritte marquée par un autre grand gagnant : le film Close de Lukas Dhont. Entre les simagrées parfois gênantes d’un Patrick Ridremont à la présentation frénétique et qui tentait de forcer le surréalisme, l’équipe du film nominé aux Oscars a raflé pas moins de 7 trophées avec les Magritte du Meilleur film flamand, du meilleur scénario original ou adaptation, de la meilleure actrice dans un second rôle pour Emilie Dequenne, du meilleur acteur dans un second rôle pour Igor Van Dessel, du meilleur espoir masculin pour Eden Dambrine, de la meilleure image pour Frank van den Eeden et des meilleurs décors pour Eve Martin. N’en jetez plus !
Mais la séquence émotion de la soirée aura sans conteste été le Magritte d’Honneur décerné à une Agnès Jaoui émue aux larmes par Yolande Moreau. Un superbe moment ponctué par une standing ovation largement méritée pour la réalisatrice du Goût des autres.
Mais les Magritte 2023, c’était aussi cette personne de l’organisation qui rentre en salle de presse pour demander à la cantonade « Est-ce que les Magritte du meilleur son sont quelque part ? ». C’est aussi cet hommage rendu par l’humoriste Dena aux cinéastes et aux femmes iraniennes, cette magnifique chanson de Charles, le journaliste qui dormait en salle de presse tout au long de la cérémonie, les photographes qui se pressent et se bousculent pour avoir la bonne photo et une Duvel partagée avec un Bouli Lanners qui résumera tout cela parfaitement en lâchant « On est Belges et on fait du cinéma. Point ». De la beauté, de la générosité et une bonne dose d’absurde. Voilà qui résume bien le cinéma qu’on aime.
Le palmarès complet :
MAGRITTE DU MEILLEUR FILM
Nobody has to know de Bouli Lanners, produit par Jacques-Henri Bronckart (Versus production)
MAGRITTE DU MEILLEUR PREMIER FILM
Rien à foutre de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre produit par Benoit Roland (Wrong Men)
MAGRITTE DE LA MEILLEURE RÉALISATION
Nobody has to know : Bouli Lanners
MAGRITTE DU MEILLEUR FILM FLAMAND
Close de Lukas Dhont, produit par Dirk Impens (Menuet), Michiel Dhont et coproduit par Jacques-Henri Bronckart (Versus production)
MAGRITTE DU MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL OU ADAPTATION
Close : Lukas Dhont et Angelo Tijssens
MAGRITTE DU MEILLEUR FILM ETRANGER EN COPRODUCTION
La nuit du 12 de Dominik Moll, coproduit par Jacques-Henri Bronckart et Gwennaëlle Libert (Versus production)
MAGRITTE DE LA MEILLEURE ACTRICE
Revoir Paris : Virginie Efira
MAGRITTE DU MEILLEUR ACTEUR
La nuit du 12 : Bouli Lanners
MAGRITTE DE LA MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE
Close : Emilie Dequenne
MAGRITTE DU MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE
Close : Igor Van Dessel
MAGRITTE DU MEILLEUR ESPOIR FÉMININ
La ruche : Sophie Breyer
MAGRITTE DU MEILLEUR ESPOIR MASCULIN
Close : Eden Dambrine
MAGRITTE DE LA MEILLEURE IMAGE
Close : Frank van den Eeden
MAGRITTE DU MEILLEUR SON
Animals : François Aubinet, Mathieu Cox, Pierre Mertens, David Vranken, Philippe Van Leer
MAGRITTE DES MEILLEURS DÉCORS
Close : Eve Martin
MAGRITTE DES MEILLEURS COSTUMES
Rien à foutre : Prunelle Rulens
MAGRITTE DE LA MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE
Rebel : Hannes De Maeyer, Oum, Aboubakr Bensaihi
MAGRITTE DU MEILLEUR MONTAGE
Rien à foutre : Nicolas Rumpl
MAGRITTE DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE
Soy libre de Laure Portier, produit par Anne-Laure Guégan et Géraldine Sprimont (Need Productions)
MAGRITTE DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE DOCUMENTAIRE
Arbres de Jean-Benoît Ugeux, produit par Julie Frères (Dérives) et Jacqueline Siret (Apoptose)
MAGRITTE DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE DE FICTION
Ma gueule de Grégory Carnoli et Thibaut Wohlfahrt, produit par Laurence Denhaerinck et Benjamin Viré (Big Trouble in Little Belgium)
MAGRITTE DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE D’ANIMATION
Câline de Margot Reumont, produit par Delphine Renard, Delphine Cousin et Justine Paulus (Zorobabel)
MAGRITTE D’HONNEUR
Agnès Jaoui