Tokyo Fiancée
de Stefan Liberski
Comédie dramatique
Avec Pauline Etienne, Taichi Inoue, Julie Le Breton, Alice De Lencquesaing
Sorti le 8 octobre 2014
Hygiène de l’assassin, Le sabotage amoureux, Mercure… autant de romans qui font d’Amélie Nothomb une écrivaine contemporaine incontournable. Parmi ceux-ci, c’est surtout les livres à caractère (pseudo)autobiographique tels que Stupeurs et tremblements et Ni d’Eve ni d’Adam que l’on retient en priorité, d’ailleurs tous deux récompensés respectivement par le Grand prix du roman de l’Académie française en 1999 et par le Prix de Flore en 2007…
Mais un bon livre fait-il forcément un bon film ? S’il fallait se baser sur l’adaptation cinématographique de Stupeurs et tremblements, la réponse ne serait pas vraiment positive. Pourtant, après les lignes claires et les pages impatiemment tournées, Ni d’Eve ni d’Adam transfigure l’écran pour occuper magnifiquement les salles sous les traits de Tokyo Fiancée.
Fraichement arrivée au Japon, son pays de cœur, Amélie poste des annonces de professeur particulier de français. Un jour, Rinri, jeune japonais fasciné par la France, la rappelle. S’entame alors une série de rencontres au cours desquelles leur relation en vient progressivement à dépasser le cadre officiel prof/élève… De rendez-vous en rendez-vous, c’est l’adolescence d’Amélie, belle de ses devenirs encore incertains et de sa folie de vivre, qui promène le spectateur à la main de Rinri, dans un Japon plein de surprises, balançant entre modernité et tradition.
Mais derrière les karaokés et la douceur des kakis sourdent un bon nombre de doutes, comme si l’amour était le cristallisoir de toutes les questions existentielles. Amélie a-t-elle vraiment sa place dans ce Japon qui peut également se montrer froid et inhospitalier ? Comment faire pour devenir cette écrivaine qu’elle a toujours voulu être ? Aime-t-elle réellement Rinri ? Quant à lui, l’a-t-il choisie pour elle-même ou parce qu’elle incarne l’Occident ? Ne sont-ils pas trop différents ?
Soutenu par un duo d’acteurs principaux dont le jeu stupéfie de justesse, Stefan Liberski a matérialisé ces inquiétudes dans de superbes poses cinématographiques qui prennent des allures de véritables estampes japonaises. Tandis qu’elles s’effaceront sous la résonance d’un gong impérieux, ce film fulgurant de légèreté, subtilement teinté d’humour, simple comme un rayon de soleil et beau comme le mont Fuji vous touchera droit au cœur…