auteur : Sophie Hannah
éditions : Le Masque
date de sortie : septembre 2014
genre : Policier
En polar, comme dans d’autres styles littéraires, il y a des auteurs qui font office de référence et ont marqué de leur plume la Littérature. C’est bien entendu le cas d’Agatha Christie. Surnommée la Reine du crime, celle-ci a réussi à créer le plus célèbre des détectives : Hercule Poirot. Ce petit belge imbu de sa personne et extrêmement maniaque fera la renommée de l’auteure et lui permettra de devenir la romancière la plus vendue au monde. Après plus de 33 romans et 51 nouvelles, notre ami s’éteindra dans Poirot quitte la scène (parut en 1976 après la mort de l’auteure). La popularité du détective est telle à l’époque que le New-York Times lui consacrera une épitaphe.
Après la mort d’Agatha Christie, la renommée de son détective ne faiblit point. Il y eut diverses adaptation théâtrales et cinématographique (dont la série très réussie ou le rôle du détective est tenu par David Suchet qui incarne à merveille la personnalité de Poirot et ses subtilités.
Les romans de Poirot sont peu à peu devenus des classiques de la littérature qui ont traversé les générations.
Mais voilà que les Editions du Masque nous proposent un livre qui va chambouler les habitudes des lecteurs. En effet, les descendants d’Agatha Christie ont autorisé la romancière Sophie Hannah à reprendre le personnage si cher à leur cœur et de refaire une nouvelle histoire. Un roman assez particulier, donc, qui a attiré notre attention.
Commençons par l’histoire en elle-même : Hercule Poirot a décidé de prendre un peu de congé et de profiter un maximum de ce temps libre pour se détendre. Mais notre détective ne s’est pas éloigné Londres. Il a tout simplement décidé de prendre une chambre dans une pension non loin de son appartement. Là, il fera la connaissance de l’inspecteur Catchpool de Scotland Yard. L’histoire commence dans un restaurant. Poirot est attablé et attend son repas. Tout à coup, une dame accourt et semble terrorisée. Notre compatriote ne peut s’empêcher de lui offrir son aide. Mais cette dame prend peur et disparait dans la nuit. Le lendemain, Catchpool vient annoncer à Poirot que trois personnes ont été assassinées à l’hôtel Bloxham, un établissement hautement réputé. Il lui demande alors de l’éclairer sur cette affaire. Le repos espéré par notre détective s’avère donc compromis…
On retrouve ici une adaptation assez fidèle de l’univers d’Agatha Christie. Une intrigue assez compliquée, des personnages emplis de mystères avec leurs lourds secrets, un Hercule Poirot au regard de chat quand il trouve enfin la solution du problème et un officier de police un peu naïf qui remplace le Capitaine Hastings.
Ce roman ne devrait pas déplaire à l’ensemble des lecteurs habitué à lire les aventure du détective belge. Mais il faut aussi reconnaître qu’au-delà d’une certaine fidélité au style, l’auteure a tendance à agir de façon étrange quand il s’agit des déplacements de ses personnages. Elle fait prendre le bus à Poirot (pour lui permettre de changer d’environnement et de réfléchir sur l’affaire), chose que Poirot ne fait jamais sauf s’il y est obligé puisqu’il déteste se sentir comprimé dans une foule composée de gens sales et sentant la sueur. Autre fait fort dérangeant pour les fans, Poirot déteste le thé, mais il ne boit que rarement du café, préférant largement le chocolat chaud !
Hors, il s’avère que cette manie des auteurs suédois (Camilla Lackberg et Stieg Larsson en tête) de placer continuellement des pauses de ses personnages autour d’une tasse de café semble avoir déteint sur Sophie Hannah. L’autre petit soucis qui est rapidement perceptible est que l’on est pas vraiment imprégné de l’ambiance des années 1920. Tout semble se passer à grande vitesse et il y a assez peu de descriptions de choses qui pourraient nous plonger dans cette bourgeoisie victorienne à laquelle nous avait habitué Agatha Christie. L’une des raisons que l’on peut évidemment évoquer, c’est que contrairement à l’auteure originale, Sophie Hannah n’a pas connu cette époque et aurait donc du mal à la retranscrire telle quelle. Agatha Christie, elle, pouvait se replonger dans ses souvenirs d’enfance pour replacer dans ses romans une connaissance l’ayant marquée à l’époque.
Il y a donc du pour et du contre dans cette nouvelle histoire de Poirot. Il se peut que Meutres en Majuscules alimente donc bien des discutions au sein des lecteurs d’Agatha Christie.