Ce samedi soir, un vent de liberté faisait tanguer le paquebot Flagey. Des ondes émancipatrices électrisaient l’ancien bâtiment radiophonique. Au programme, deux séances engagées, l’une traitant de l’injonction sociale du mariage chez les femmes en URSS, l’autre proposant une série de courts réalisés pour donner la parole à la communauté queer.
Il est 19h30. On quitte la grisaille de l’hiver pour pénétrer le monde coloré de l’animation. Notre première rencontre de la soirée sera lettone. Avec My Love Affair With Marriage, qui concourt dans la catégorie long, Signe Baumane nous plonge dans une Union Soviétique qui pétrit les femmes, les façonne pour en faire de bonnes épouses. Zelma est une guerrière. Son tempérament explosif fait tache. Alors on la passe dans la machine éducative pour la laver de ses ardeurs. Mais, même en essayant de respecter les principes selon lesquels une femme doit se préserver pour son homme, apprendre à cuisiner et surtout à se taire, Zelma ne parvient pas à atteindre le bonheur marital qu’on lui avait promis. Fort d’un graphisme aux traits slaves – hachuré, sombre, parfois exagéré – et du mariage (c’est le cas de le dire) entre différentes techniques d’animation, My Love Affair With Marriage est un film expressif, survolté, qu’il est encore possible de revoir ce samedi 25 février, à 19h.
21H30. Direction la grande salle où nous attend La Veuve, fatale maîtresse de cérémonie, pour nous présenter une série de courts aux couleurs de l’arc-en-ciel. Devant une salle comble – avec encore nombreux déçus laissés à l’entrée – huit films se sont enchaînés pour mettre à l’honneur la communauté LGBTQIA+. Des escargots se posant des questions identitaires, en passant par les aventures d’un plombier venu déboucher la tuyauterie d’une boîte gay, la sélection se veut hétéroclite. Mais, malheureusement, peut-être pas encore assez inclusive. Pour environ une heure de courts, c’est près de trois-quarts d’heure qui sont consacrés aux histoires d’amour entre hommes – pour trois minutes reversées aux désirs lesbiens –, laissant le reste de la communauté un peu sur le carreau. Le vrai plus, avec les films soigneusement choisis, ce fut les deux shows life s’insérant dans la programmation déjantée de cette soirée, pour reprendre les termes de La Veuve, « de qualité et d’égalité ».