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    « Le Pire Voisin au monde », un personnage aussi agaçant qu’attachant

    Le Pire Voisin au monde
    de Marc Forster
    Comédie dramatique
    Avec Tom Hanks, Mariana Treviño, Rachel Keller
    Sorti le 15 février 2023

    Le Pire Voisin au monde est un film d’où l’on ressort en pleurant un personnage que l’on a paradoxalement commencé par détester. Otto Anderson, joué par Tom Hanks, est un soixantenaire fraîchement veuf qui peine à se remettre du décès de sa femme. L’on devine qu’il a toujours été d’une nature taiseuse et relativement maniaque, mais les épreuves qu’il a traversées ont renforcé ses traits de caractère. Suicidaire, ses tentatives sont systématiquement interrompues, soit par ses agaçants voisins et voisines (nouveaux comme anciens, animaux comme humains), soit par des actes héroïques qu’il est amené à accomplir.

    Le film paraît long à quelques moments. Certaines scènes se présentent de façon répétitive, en particulier les moments de contrariété d’Otto et ses réactions épidermiques parfois démesurées. À ses yeux, la majorité des êtres humains sont des « imbéciles ».  En effet, nous comprenons qu’Otto est un abuelo (un grand-père, selon le surnom affectueux qui lui sera donné) qui ronchonne pour à peu près tout et n’importe quoi et dont le principe consiste d’abord à refuser un service qu’il finira par rendre. Il faudra beaucoup de persévérance à la joyeuse et généreuse Marisol, dont le personnage est excellemment incarné par l’actrice Mariana Treviño Ortiz, pour parvenir à percer sa carapace. Son mauvais caractère cache en réalité un grand cœur, dont l’histoire nous apprendra que cette expression est à prendre au sens propre comme au sens figuré.

    Présenté ainsi, le personnage peut sembler caricatural. Pourtant, le film aborde des problématiques sociales profondes. Il met notamment en lumière la condition desdits « seniors », qui se trouvent par exemple mis en retraite anticipée car considérés comme périmés sur le marché du travail ou encore mis à la porte de leur logement par des promoteurs véreux avec la complicité d’enfants pourtant absents de longue date. Si certains éléments de contextes sont propres aux États-Unis, le sujet de la solitude des seniors résonne aussi dans un contexte européen, comme celui de la transidentité ou de la change mentale des femmes.

    Le Pire Voisin au monde nous raconte finalement l’histoire de la famille que l’on se choisit et qui peut se (re)former sur le tard, des liens sociaux qui nous font sortir de notre isolement, et de l’amitié qui nous fait supporter nos chagrins et rend la vie vivante et belle.

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