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    L’après-midi d’un foehn Version 1 : donner vie au vent

    De et avec Phia Ménard. Jusqu’au 11 février au Théâtre National.

    Phia Ménard déambule dans un cercle délimité par six ventilateurs brasseurs d’air. Le dispositif circulaire qui l’entoure est majoritairement occupé par de (petits) enfants. Au sol, deux sacs en plastique rose. Avec des ciseaux, elle découpe deux bandelettes d’un sac puis une forme dans la partie centrale et ôte les coins inférieurs de l’autre sac. Avec du papier collant, elle referme les parties du premier sac qu’elle joint au corps du second. Elle montre le résultat qui a la forme d’un petit bonhomme. Oh, font les enfants.

    La performeuse dépose le petit tas de plastique au sol puis met en marche, un à un, chaque ventilateur. Dans le lointain, on entend des cris d’oiseaux, des rugissements de fauves. Elle s’assied à une table en retrait. La musique de Debussy prend la place des bruitages.

    Le petit bonhomme au milieu du cercle se remplit d’air, commence à bouger, semble vouloir se lever sur ses petites jambes. Il y arrive – les enfants rient –, tournoie au sol, son corps décrit des figures circulaires avant de prendre de la hauteur et de s’élever dans les airs. Phia Ménard lance un autre petit bonhomme jaune dans le cercle. Il se joint aux mouvements du premier et ils dansent, ensemble ou séparément, ils se rejoignent, s’éloignent, se retrouvent.

    © Jean-Luc Beaujault

    Un bonhomme bleu et un bonhomme vert viennent, à leur tour, compléter le ballet. Commence alors une sarabande endiablée, au sol, dans les airs. Tous virevoltent dans un même mouvement. Les enfants ne se tiennent plus. Phia Ménard retourne dans le cercle, saisit le bonhomme rose, puis le vert et le bleu avant de les libérer et se coucher au sol. Les gamins de plastique se lancent dans une ronde joyeuse autour de la performeuse, la taquinent, l’asticotent.

    Elle se relève, lorsque l’un d’eux s’essouffle – aller le bleu, crient les enfants – elle le remet en selle. Elle tire de la poche de son caban, un bonhomme blanc à pois rouges, puis un autre, et encore jusqu’à ce qu’une vingtaine de ces petits bonshommes occupent l’espace. Elle ouvre les bras et danse au milieu de cette nuée de sacs plastique.

    Créée en 2008, suite à une commande du Musée d’Histoire Naturelle de Nantes, L’après-midi d’un foehn Version 1 fait référence à L’après-midi d’un faune de Claude Debussy et au foehn, ce vigoureux vent du sud, chaud et sec, qui a un effet sur l’humeur et les comportements. Dans son travail, Phia Ménard porte une attention particulière à l’imaginaire de la transformation des éléments naturels – l’air, l’eau, la glace. C’est bien de transformation dont il s’agit ici puisqu’elle donne forme à l’air, par essence invisible et impalpable. Et cette utopie où l’humain dominerait le vent a le don de semer des étoiles dans les yeux des enfants, comme des adultes.

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