Opinion Public © Charlotte Sempermans
La compagnie Opinion Public sera au théâtre Marni du 8 au 11 octobre 2014 pour présenter sa quatrième production intitulée Post Anima. Les cinq danseurs mêlent talent artistique et humour dans une production qui s’annonce très prometteuse.
En attendant lesdites dates pour les découvrir sur scène, le Suricate Magazine a interviewé quatre des danseurs pour en savoir un peu plus.
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Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Johann Clapson, Victor Launay, Arthur Louarti et Sidonie Fossé. Nous sortons tous de la Compagnie Béjart. Nous avons quitté la compagnie en 2010 pour créer notre compagnie Opinion Public. Cela fait quatre ans que nous avons créé cette compagnie ensemble et tout se passe bien. Nous y sommes heureux. Simplement…
Comment a été créée votre Compagnie ? Est-ce une initiative collective ?
Sidonie : Nous sommes quatre à venir du Béjart Ballet. Victor Launay, lui, était chez Brumachon (ndlr : au Centre Chorégraphique National de Nantes). Les quatre qui étaient au Béjart Ballet, c’était d’un commun accord. Nous voulions partir pour s’épanouir artistiquement ; différemment qu’au Béjart Ballet. Nous voulions créer notre groupe à nous. Nous avons contacté Victor qui était sur la même longueur d’onde. C’est donc une initiative commune de se retrouver pour aborder un autre axe artistique.
Pourquoi avoir quitté le Béjart Ballet ?
Sidonie : Le maître est décédé en 2007. Nous avons tous été choisis par lui. Sauf, je le redis, Victor qui a été dans l’École mais pas dans la Compagnie. Une fois qu’il (Ndlr : Maurice Béjart) est parti, comme dans toutes les grandes compagnies, ce n’était plus le même esprit qui était présent. Mais nous sommes tout de même restés deux ans après sa mort. Puis, nous nous sommes dits qu’artistiquement nous en connaissions suffisamment. Tant que nous étions encore jeunes et dans la fleur de l’âge, c’était le moment d’agir si nous voulions faire quelque chose d’autre. Nous avions tous, à cette époque, entre 22 et 26 ans.
Pourquoi avez-vous choisi Opinion Public comme nom pour votre compagnie ?
Sidonie : Au départ, l’objectif de la compagnie était de toucher le maximum de gens, de ne pas rentrer dans un truc élitiste où les danseurs et le chorégraphe partent dans un trip individuel, où le public vient mais ne comprend pas ce qu’ils veulent dire.
Nous partons de ce sentiment-là : vouloir toucher le plus de monde possible. C’est un peu l’héritage que Maurice Béjart nous a laissé.
Et la deuxième chose, c’est que nous sommes sensibles à ce qui nous entoure, en tant qu’artistes et citoyens. Nous utilisons des thématiques qui concernent un peu tout le monde. Du coup, nous avons touché à la thématique des médias, du numérique, de l’obsolescence programmée… Ce sont des choses qui nous concernent tous, d’où Opinion Public…
Parlez-nous du spectacle que vous êtes en train de préparer ? Quelle en est la thématique ?
Sidonie : Le spectacle s’appelle Post Anima. Nous abordons le déroulement de cinq personnages qui sont à l’intérieur même d’une machine. Ils sont reliés à la machine par des câbles. Mais ils sont un peu livrés à eux-mêmes. Individuellement, ils ne savent pas très bien pourquoi ils sont là.
Au début, ils sont en mode pilote automatique. Une fois qu’ils sont débranchés, ils se rendent compte qu’ils sont connectés entre eux. Ils vont évoluer différemment. Cela passe par différents sentiments : la curiosité, la peur, la rébellion,… Tout cela avec des costumes un peu abstraits et futuristes mais qui sont, en fait, très humains. Nous parlons avant tout des rapports entre les hommes, entre les femmes et entre les gens.
Nous avons aussi essayé d’utiliser la vidéo pour donner une autre dimension à la danse. C’est de notre temps. Nous nous sommes dits que ce serait une bonne occasion de le faire. Puis, nous avons utilisé la symbolique du câble qui à la fois fait penser au côté ordinateur, câble, quelque chose de très numérique. Et en même temps, c’est le fil rouge qui les relie les uns et les autres. En fait, ce que nous avons voulu montrer, c’est à la fois le contraste entre le coté robot-humanoïde, et de l’autre côté, une danse qui est parfois très fluide, une relation entre les uns et les autres.
Est-ce que vous imaginez la chorégraphie tous ensemble ?
Sidonie : Je dirais que nous échangeons beaucoup entre nous cinq, car c’est un projet commun. Ce n’est pas seulement le projet du chorégraphe et nous ne sommes pas seulement de simples exécutants. C’est cet équilibre-là qui fait que nous sommes tous concernés par la chose… C’est vrai qu’Etienne (ndlr : Béchard) est vraiment le chorégraphe donc c’est lui qui va décider si nous gardons une idée ou non ; si c’est finalement une bonne idée ou s’il n’est pas convaincu. Il va sélectionner les idées que nous allons proposer. Mais c’est notre projet à tous.
Entre vos différents spectacles, essayez-vous de garder une thématique commune ? Quel est le lien ?
Sidonie : Nous essayons de trouver des thèmes par lesquels les gens vont se sentir concernés et avoir une certain sensibilité. C’est un peu le point commun entre les pièces.
Le spectacle est joué ici au Théâtre Marni. Est-il joué ailleurs également ?
Sidonie : Il sera joué au centre culturel de Lommel le 14 Novembre 2014. Et il sera aussi joué au centre culturel de Waterloo le samedi 7 Février 2015.
Propos recueillis par Mathilde Schmit