Titre : Miss Josephine
Autrice : Margaret Wilkerson Sexton
Editions : Actes Sud
Date de parution : 7 septembre 2022
Genre : Roman
Miss Josephine se déploie sur trois époques aux Etats-Unis et s’articule autour de deux personnages : Josephine et Ava. En 1855, Josephine est encore une enfant. Fille d’esclaves, ses parents et elle-même sont au service des propriétaires de la plantation. Sally, la fille des maîtres, se rapproche de Josephine mais tous savent que cette complicité ne mènera à rien, d’autant plus que les parents de Josephine aspirent à s’affranchir de leur condition d’esclave.
En 1924, Josephine a une septantaine d’années et vit désormais en Louisiane non loin de son fils et de son petit-fils. La ségrégation fait rage et le Ku Klux Klan gangrène la société. Josephine voit arriver un couple de nouveaux voisins blancs, dont la femme, solitaire et en manque d’enfant, tente de se lier d’amitié avec Josephine.
En 2017, Ava est une descendante de Josephine. Divorcée et mère d’un adolescent, elle vient de perdre son emploi et n’a d’autre choix que d’emménager chez sa grand-mère paternelle. Etant très fortunée, celle-ci propose à Ava de lui verser un salaire en échange de sa compagnie. Ava et son fils découvrent les beaux quartiers et une nouvelle vie s’offre à eux. Se connaissant très peu, les deux femmes apprennent à vivre ensemble et à se dévoiler l’une à l’autre.
Vous ne serez pas surpris par cette affirmation : Miss Josephine est un authentique roman de femmes. Que des héroïnes, les personnages masculins étant secondaires. Outre Ava ou Josephine, d’autres protagonistes de la gent féminine sont de la partie comme Charlotte, l’ambivalente voisine, ainsi que Gladys et Martha, respectivement les mère et grand-mère d’Ava. Chacune a son histoire et ses souffrances qui diffèrent selon l’époque ou l’âge, mais toutes s’alignent sur leur capacité à tenter de rester dignes dans ce monde qui ne voit qu’en noir et blanc.
Quelle que soit l’époque, le roman se base sur la différence : esclavage, ségrégation et racisme. Rien de joyeux à première vue, mais aucun pathos ne déteint sur ces héroïnes, véritables battantes tour à tour méfiantes, touchantes, grandes gueules mais toujours attachantes. On sourira même de temps à autre, notamment lorsqu’Ava s’interroge sur la tournure que prendra l’éducation de son fils dans les quartiers huppés et sa crainte qu’il ne devienne un « bounty », en référence à Carlton dans Le Prince de Bel Air !
Néanmoins, même si le sujet reste d’actualité et lance de solides pistes de réflexion, le récit, peut-être un peu trop convenu, ne restera pas dans les annales de la littérature. Cela ne vous empêchera cependant pas de passer un bon moment de lecture.