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    Petites Histoires de la folie ordinaire aux Tanneurs

    Texte de Petr Zelenka, mise en scène de David Strosberg avec Angèle Baux, François Beukelaers, Romain Cinter, Chloé De Grom, Inès Dubuisson, Janine Godinas, Clément Goethals, Philippe Grand’Henry, Sofie Kokaj et AlexandreTrocki

    Du 30 septembre au 7 octobre 2014 à 20h30 au Théâtre Les Tanneurs

    D’emblée, nous sommes tenté de dire que le titre paraît décru quand on pense au contenu de la pièce : car ces gens semblent bel et bien bons, tous autant qu’ils sont, pour l’asile…

    Le décor aurait pourtant dû nous mettre la puce à l’oreille : les palissades opaques translucides qui tiennent par des ficelles à d’énormes cailloux et à quelques objets du quotidiens tels qu’un frigo (souvent sollicité), un matelas, une chaise, un téléphone, une boite en carton, …  simulation d’une pièce de vie, d’un appartement. Mais lorsque ces épaisses ficelles deviennent gênantes pour l’action, y-a-t-il moyen de s’en défaire ? Comme des racines inébranlables et insensées ou des boulets aux quels seraient attachés les personnages. Et puis non, au final, tout se tient ! La situation est inconfortable, mais tout le monde semble s’y être accommodé. Sauf un personnage : Petr.

    Car c’est de lui et de son univers dont il est question. Ses amis, ses parents, son ex-petite amie, ses voisins, son appartement, son travail, son patron,… Et puis un jour, à la suite d’un événement malheureux, d’une rupture difficile, tout se doit d’être remis en question. A commencer par les recettes de son ami « moustique », célibataire endurcit (pour ne pas dire un espèce de gros dégueulasse en sous-vêtements souillés et peignoir, adepte de la masturbation tordue), pour retrouver son ex : « couper une mèche de cheveux de l’être aimé, les faire bouillir dans du lait, les mélanger à des feuilles de poiriers,… ». Ou par l’histoire « d’amour » de ses parents, une relation basée davantage sur les « bons conseils » loufoques d’une épouse et mère – a priori pleines de bonnes intentions mais au demeurant pathologiquement atteinte mentalement – que sur l’amour. Inutile de chercher un soupçon de normalité chez qui que ce soit autour de Peter, c’est peine perdue. Mais si tout cela n’était pas autour de lui, mais en lui ?

    Il y a évidemment dans tout cela un air de « déjà vu » tant les personnages de la pièce nous évoque des personnes de notre quotidien ou des situations surréalistes par lesquelles nous sommes passés… Et cette folie n’est ordinaire que parce qu’on la côtoie chaque jour. Alors quoi de mieux pour dédramatiser que d’en rire… Ou au moins d’en prendre conscience.  Et pour y parvenir, il y a d’une part, un texte corrosif qui décortique les rapports humains et d’autre part, dix comédiens de trois générations sur scène. Le choix de thèmes grotesques y contribue aussi : les clichés de la masturbation masculine revus à l’extrême, les « gentilles déviances sexuelles » de chacun, la quête de l’amour idéal à tout prix, … Il y a à boire et à manger pour tout le monde, dans le frigo, comme dans la pièce. Même si, il faut l’avouer, aux abords de la fin, on tourne un peu en rond : où tout cela va donc les mener ? Et si à force de vouloir nourrir tout le monde dans la salle, ils n’en deviendraient pas un peu boulimique : évoquer l’homosexualité, la masturbation, la perversion, l’amour, la pédophilie, l’actualité, la folie, l’alcoolisme, et on en passe, le tout à la manière des expressionnistes, ça laisse quand même un petit goût de « trop » pour les quelques que 1h40 que dure la pièce.

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