Tokyo Anyway
de Camille Meynard
Drame
Avec Violette Pallaro, Benjamin Ramon, Emilie Maréchal
Sorti le 1er octobre 2014
Faustine travaille pour l’Union européenne, Félix est mannequin, Armel est barman, Camille infographiste. Amis de longue date, ils ont trente ans et vivent à Bruxelles. Mais en l’espace de quelques jours, chacun va devoir faire face à des choix cornéliens et prendre des décisions radicales qui vont bouleverser leur existence. En plus de mettre en péril leur amitié, ils vont être confrontés à leur désillusions.
C’est beau, c’est nouveau et ça ne sent pas le sable chaud mais celui plus froid de la Mer du Nord. Camille Meynard, réalisateur talentueux né à Paris mais qui a fait ses planches dans notre plat pays, nous livre ici un drame intimiste et chargé d’une tension sous-jacente très forte. Tokyo Anyway n’est pas une œuvre longue puisque le film ne dure qu’1h10 mais il comporte une richesse brute très intéressante. Le réalisateur suit le quotidien de quatre trentenaires vivant à Bruxelles, leur parcours semé d’embûches et de désillusions. Dès la première scène du film, un moment charnière de leur vie est évoqué via un séjour à la mer accompagné d’une cinquième personne qui hantera tout le reste du film de par son absence.
Le film n’est pas démonstratif mais il est en revanche très réaliste. Nous suivons ces quatre amis très imparfaits chacun à leur façon et nous sommes les témoins privilégiés des choix qu’ils posent, des actes qu’ils accomplissent et des décisions qu’ils prennent. Lorsque Camille (Violette Pallaro), qui est en couple avec Félix (Benjamin Ramon), apprend qu’elle est enceinte, elle n’en parle pas tout de suite à ce dernier qui vient quant à lui de décrocher le travail de ses rêves comme mannequin à Tokyo (d’où le titre du film). Armel (AntojO) semble pour sa part dès très renfermé sur lui-même et apprend la mort de son père qu’il n’a jamais aimé et enfin, Faustine (Emilie Marechal) doit choisir entre ses propres convictions et son futur professionnel.
Le jeu d’acteur des quatre jeunes est très juste il ils impressionnent par la qualité et la sincérité des émotions qu’ils ressentent. On en arrive très vite à ressentir une grande empathie pour chacun des protagonistes du film et on se sent proche d’eux de par leur faiblesse et leurs erreurs. Ils décident tous, à leur façon, d’anesthésier leur douleur et leurs désillusions via divers moyens (drogue, déni, fuite,…) et nous ne pouvons que ressentir de la sympathie pour ces personnages qui ont un côté pathétique touchant.
Tokyo Anyway brille de par son authenticité même si il nous laisse tout de même quelques regrets. De par son format court, il ne permet pas d’aller plus en profondeur dans la psychologie des jeunes tourmentés dont il conte l’histoire et il reste finalement relativement en surface. Nous pouvons percevoir l’ambiguïté de leurs choix et de leur raisonnement mais une demi heure en plus de film aurait peut-être permis de rentrer plus en profondeur dans leurs pensées afin d’en apprendre davantage sur leurs motivations.
Finalement, le film est comme les personnes qu’il décrit : imparfait mais assumant ce côté humain et parfois même brouillon qui le caractérise.