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    « Dreaming Walls », invitation au rêve et mythe new-yorkais

    Dreaming Walls
    d’Amélie Van Emlbt et Maya Duverdier
    Documentaire
    Présenté dans le cadre du Mois du Doc

    La 5e édition du Mois du Doc s’ouvre du 1er au 30 novembre 2022. L’objectif est d’adopter un angle de vue alternatif en se centrant majoritairement sur l’émancipation des femmes et l’Histoire. C’est au sein d’un bâtiment du quartier de Chelsea à New-York que les réalisatrices nous invitent, à la recherche d’un passé légendaire dont l’on craint qu’il s’évapore petit à petit. La caméra suit le processus d’acceptation de cette communauté atypique.

    Images d’archives et images contemporaines se diluent dans le parcours cinématographique à la fois documentaire et onirique. Le glissement entre passé et présent paraît évident, tant le tournant dans l’Histoire est serré. Le long des marches, des couloirs labyrinthiques marqués par le pas d’un grand nombre d’artistes, le regard cinématographique investit les lieux sans être intrusif, se laissant guider par la voix des résidents qui, fatalistes, gardent en vie l’âme de l’hôtel. L’intention n’est pas voyeuriste, elle s’attache à partager un sentiment mélancolique global qui emplit progressivement la salle de cinéma. Six-cents dollars la nuit actuellement, c’est sous une ère luxueuse que se profile l’avenir de l’édifice. L’esprit n’est pourtant pas à la dénonciation d’une société capitaliste, mais plutôt à la commémoration d’un temple dont la mémoire doit être préservée.

    Artistes, intellectuels, chanteurs – tels que Patty Smith, Mariah Carey ou Janis Joplin – ont marqué l’endroit d’un pouvoir créatif et d’une aura délurée. Qu’elle se trouve dans la griffe artistique d’un peintre, dans la trace de cocaïne d’une chanteuse ou dans le fil rouge qui a attiré les résidents permanents, la touche de nostalgie imprègne cette œuvre-reportage. Merle Lister rythme le parcours de cet emblème new-yorkais. Danseuse et chorégraphe, nous la suivons dans un espace-temps charnière qui lui tient à cœur de retracer pour préserver cette chambre à soi selon l’expression de Virginia Woolf. L’hôtel est hanté des individus qui l’ont fait trembler, il est d’ailleurs traité à la façon d’un personnage humain, soulignant sa qualité mouvante et vivante.

    Esprit utopique, point de pèlerinage séculaire, il est le réceptacle d’une génération libre à la genèse mythique. L’œil fin des deux jeunes réalisatrices – véritable sculpteuse du réel – retranscrit leur expérience en ces murs d’une manière esthétique et bienveillance. Une fable contemporaine dédiée aux esprits contestataires où les pans des murs organiques s’effritent mais où les contes utopiques brilleront pour toujours.

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