D’après Molière. Mise en scène de Nicole Stankiewicz. Avec Arnaud Botman, Valentin Dayan, Wilhem De Baerdemaeker, Jenna Hasse, Lucas Meister et Adèle Vandroth. Du 5 octobre au 14 octobre 2022 au Théâtre des Riches Claires.
George Dandin est un riche paysan qui acquiert, grâce à son mariage avec Angélique de Sotenville, un titre. Mais qui surtout subira une série d’humiliations directement venue du dédain que l’aristocratie, dans laquelle Dandin vient d’être propulsée, lui jette sans vergogne au visage. Et ce même quand il est clair que George Dandin ne fait rien d’autre que de subir les affres romantiques de sa femme. Très rapidement, rappelons que George Dandin ou le Mari confondu est une comédie-ballet et bien évidemment la seule pièce de Molière qui se finit tragiquement.
Dans cette adaptation faite par le collectif Mouton, la musique n’est pas une des composantes de la mise en scène. L’accent a été mis sur un décor « enfantin », qu’on pourrait, en extrapolant un peu, faire référence à la position de Dandin dans cette société ; un enfant qu’on sermonne et qu’on ne croit pas. Un mot sur les costumes qui marquent clairement les différents rangs, là un George est habillé sobrement, pour ne pas dire pauvrement, la famille de Sotenville (et le gentilhomme libertin qu’est Clitandre) arbore des habits plus stylisés, bling bling ainsi que de longues capes leur donnant tout à la fois l’air d’être charismatique et cartoonesque.
Il est à retenir, et ce de manière tout à fait subjective, avouons-le, cette tirade dite par Angélique qui d’un souffle nous dit combien ce mariage n’est pas de sa volonté, qu’elle aime à plaire et qu’elle ne se refusera aucun plaisir qui fera d’elle une vivante. Un passage résolument féministe qui fera clairement mouche, au-delà de toute considération de classes. Il est a regretter toutefois qu’on ressort de cette adaptation avec le sentiment d’avoir plus vu un vaudeville honnêtement mené, une histoire de mari trompé qu’une dépeinte sociétale.
A noter aussi que le texte lui-même perd en richesse, comme si la réécriture avait gommé les nuances, sauf de rares fois où Dandin évoque sa condition d’une voix effacée et très vite noyée dans les grandiloquences du reste des personnages. Ce qui fait que cette phrase de fin, simple et tragique à la fois, tombe à l’eau. Mais la pièce se vit agréablement et cette proposition se veut accessible et reste donc une très jolie porte d’entrée vers l’œuvre de Molière ou tout simplement vers l’art théâtral.