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    Marcel, jusqu’au 15 octobre au TTO

    Une création de la compagnie Gazon-Nève. Dramaturgie, texte et conception : Jessica Gazon, Thibaut Nève et Morena Prats. Jeu : Jessica Gazon et Thibaut Nève

    Écrire un article sur une pièce de la compagnie Gazon-Nève est toujours un beau défi. Choisir un angle pour raconter ce que l’on a vécu en tant que spectateur de Marcel, par exemple, demande une certaine dose de responsabilité : comment résumer les courageuses dynamiques dramaturgiques sans négliger l’importance des sujets abordés et la densité de cette expérience théâtrale ?

    Si l’on veut commencer par le début, il faut savoir qu’il s’agit d’une pièce qui évoque l’esthétique proustienne et l’idée que Marcel Proust proposait du fantasme, des rapports de genre, de l’obsession amoureuse. Ça commence vraiment comme ça : des planches, un canapé, une silhouette de femme qui décore l’arrière fond. Ça commence par un dialogue d’il y a un siècle. Un homme qui demande à une femme qui esquive, le même homme qui impose à sa femme qui élude. Rien de plus, rien de moins. À quelle heure t’es rentrée ? T’étais avec qui ? Es-tu sure que tu ne ressens rien pour elle, l’autre ? Jalousie, possession, contrôle. Mais aussi une certaine idée du monde. Petit à petit, mais très lentement – subtilement – la réalité de ces deux comédiens s’insinue dans l’histoire.

    Si l’on voulait commencer par le milieu, on dirait que c’est ici que cela commence : quand ça tremble, quand ça bascule, quand on doute de ce que l’on voit et on se sent spectateur du quotidien. On revient au XXIème siècle, en face à ces deux comédiens, un homme et une femme qui interrogent leurs rôles d’homme et de femme, dans la pièce et dans la vie. Et c’est fort, et ça secoue parce que ce n’est plus une narration, une fiction ou un mythe littéraire : c’est la vraie vie, la société qui a changé un peu sans jamais totalement évoluer. Et voilà Jessica et Thibaut sur scène, à parler de virilité toxique, de femme complice, de dépendance et de fragilité. Comme un mensonge qui se recycle – comme ils le disent – Marcel est presque un prétexte pour parler vrai. Une pièce évolutive qui met deux univers l’un en face de l’autre en les obligeant à dialoguer.

    Si l’on veut commencer par la fin, par contre, on dirait juste « merci ». Merci pour le courage qu’il a fallu pour se remettre en question et pour l’audace de suggérer ces réflexions. Et c’est ici, à la fin – quand ça finit- que ça commence aussi. Parce que quand le théâtre contemporain interroge ainsi le monde, les répliques et les images rentrent à la maison avec les spectateurs. On se dit que tout ça, on le savait déjà, mais jusqu’où il sera nécessaire d’en parler, on ne le saura jamais assez.

    Elisa De Angelis
    Elisa De Angelis
    Journaliste du Suricate Magazine

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