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    [BIFFF 2022] Top, flop, notes de Loïc Smars

    Retrouvez en conclusion de cette édition du BIFFF ce qui a fait vibrer ou ce qui a agacé nos journalistes envoyés sur place. Des tops, des flops et des notes à gogo, c’est parti !

    Cette année, le BIFFF a déménagé sur le plateau du Heysel pour les 5 prochaines années. Si les éditions au Bozar ont été plébiscitées au vu de leur orientation géographique, le Palais 10 rappelle les années passées à Tour & Taxis pour ces grands espaces, la salle de cinéma artisanale en moins. Si le début du festival a été marqué par les foirages d’un nouveau lieu (Bureau presse introuvable, problèmes techniques, séances annulées, etc.), l’organisation a su s’améliorer au fur et à mesure des jours et nous rend optimiste pour la suite. Une des plus grandes surprises de cette édition, fin de l’été oblige, était le bar extérieur gigantesque avec plusieurs foodtrucks au choix varié. La bonne nouvelle suivante, c’est que l’organisation reprend les bonnes habitudes et le BIFFF 2023 aura bien lieu durant les vacances de Pâques : il ne reste que 6 mois pour retrouver toutes les têtes connues (Olivier, Vincent, Loïc, Roxane, Youssef, Jonathan, Stéphane, Mélody, Gilles, Kamal, etc.) et revivre cette ambiance si spéciale de l’univers BIFFFien.

    Le top 5

    1. Freaks Out
    2. Once upon a time in Uganda
    3. Ritual
    4. Megalomaniac
    5. Hinterland

    C’est une constante depuis quelques années, la programmation est bien plus qualitative qu’avant. Fini les daubes inutiles servant juste à combler les trous, le festival veut proposer au public de vraies expériences. Cela n’empêche pas d’être désespéré devant certains films (comme on le verra dans l’autre partie) mais force est de constater que même le pire apporte une originalité bienvenue à l’offre proposée. Mais avant de parler du pire, attardons-nous sur les pépites que j’ai vues pendant les douze derniers jours.

    En première position, peu de doutes à avoir tant Freaks Out, film belgo-italien, à illuminé ce festival. Après avoir déjà étonné le monde en réinventant le film de super-héros, Gabriele Mainetti s’attaque à la figure du mutant (à la X-Men) avec encore plus de talent. Au contraire de son modèle, le film prend son temps de caractériser les personnages, d’installer son univers entre poésie et action et au final, les 2h20 filent à toute vitesse. Etonnement, j’ai vu le meilleur film de la programmation mais j’ai presque regretté la séance, tant j’aurais voulu, pour une fois, me plonger calmement dans cet univers original, loin du public si atypique du BIFFF. Le second film est tout aussi original ! One upon a time in Uganda raconte l’histoire folle d’un mec vivant dans un bidonville de la capitale de l’Ouganda qui, pris de passion par le cinéma, décide de créer un studio chez lui afin de créer des films. Le docu raconte la reconnaissance internationale de son oeuvre tarantinesque et surtout son amitié avec un new-yorkais qui a tout plaqué pour venir l’aider. Les films suivants seront moins joyeux. Ritueel raconte l’histoire d’une plongeuse professionnelle travaillant pour la police qui va se trouver au milieu d’une affaire de meurtre renvoyant au génocide congolais initié par Léopold II, ancien roi des Belges. En plus de réussir un polar efficace, Hans Herbots ose aussi le traitement frontal du passé colonialiste belge. Le quatrième film, Megalomaniac, plonge aussi dans l’histoire de la Belgique en prenant le parti d’imaginer que le dépeceur de Mons a eu deux enfants. Deux enfants qui évidemment ne sont pas vraiment sains d’esprit, l’un continuant l’héritage de son père, l’autre  atteinte d’une grave schizophrénie. Si j’oublie les excès un peu arty des « fantômes » de la maison, ce film remplit son contrat d’expérience glauque et révèle le talent des deux comédiens principaux. Pour finir ce top, je change de registre pour découvrir Hinterland, un thriller autrichien se passant durant la Première Guerre mondiale. Des vétérans, à peine sortis des prisons russes, reviennent dans une Vienne qui a beaucoup changée. En plus de ne pas arriver à s’adapter à cette nouvelle vie, ils se font assassiner un à un. Les deux éléments positifs de ce film sont les aspects historiques de l’époque retranscrits de manière crédible et l’esthétique générale issue d’une sorte de livre en trois dimensions gothique.

    P.S. : vous avez remarqué que trois films du Top 5 sont belges ?

    Le flop 5

    1. Moloss
    2. Rubikon
    3. No looking back
    4. Scare Package 2
    5. Silent Night

    Au regard de la programmation, il est d’office plus difficile d’établir un flop. Malgré l’originalité de certaines de ses propositions, voici ce que l’on a vu de pire cette année. Les quatre premiers de ce palmarès sont aussi ceux dont je n’ai pas réussi à tenir jusqu’à la fin. Je remarque qu’ils sont admirablement classés en fonction de la rapidité à laquelle on a décroché.  Moloss, sorte de films de potes qui s’est perdu au festival n’a jamais réussi à me convaincre tant son amateurisme m’a déçu sans pour autant m’amuser. Je me suis enfui au bout de 24 minutes. Ensuite, Rubikon, un film de SF autrichien aux décors soignés qui a juste un léger petit souci : c’est désespérément ennuyeux et contemplatif. Si ce film trouvera certainement son public, j’ai préféré leur laisser tout le plaisir avant de m’endormir. Une séance qui a duré cette fois 47 minutes. No looking back avait le mérite de proposer de l’originalité : un road trip ou une mère poursuit sa fille afin de la buter et récupérer sa petite-fille. Mais c’était sans compter sur un enchaînement de stupidités et d’incohérences qui m’a fait sortir du film. Arrivé 15 minutes en retard et parti 15 minutes avant la fin, j’ai à peine tenu une heure devant cet OVNI russe. Le quatrième film de ce classement a suivi directement le précédent : Scare Package 2. Si j’avais vu et apprécié le premier volet en tout début de festival, le second opus abandonne toutes les surprises du premier pour se consacrer totalement à une parodie convenue des films d’horreur. La sauce ne prend pas et si je n’ai pas quitté la séance, c’est tout simplement que l’ennui m’a gagné (oui, ça veut bien dire que j’ai dormi). Le dernier de cette liste n’était pas le plus évident. si Silent Night n’est pas une bouse à proprement parler et parfois même à être bon dans sa forme de huis-clos avant la fin du monde, la pub excessive de Coca-Cola jusque dans les dernières minutes du film empêche toutes émotions et m’ont limite mis en colère. Rien que pour ça, paf ! Cinquième du Flop 5 !

    Les notes des films vus !

     

     

     

     

    Moloss : Ne voulant pas trop gâcher la fête d’un public composé des gens qui ont travaillé sur le film, je préfère m’éclipser rapidement devant tant d’amateurisme imbuvable.

     

     

     

    Scare Package 2 : Le premier a réussi ce que ce second opus a raté : l’originalité.
    No looking back : L’idée peut sembler attirante mais le traitement est catastrophique.

     

     

     

    Studio 666 : Impossible de rentrer dans ce film à la gloire du leader des Foo Fighters qui collectionne tous les poncifs du genre ad nauseam.
    Rubikon : un film de SF magnifique mais chiant à mourir.

     

     

     

    Scare Package : Si la plaisanterie dure trop longtemps, on a vu quelques idées originales bienvenues.
    Sinkhole : Pour une fois, les Coréens n’ont pas réussi à garder le tensiomètre actif. A contrario d’un film catastrophe, on assiste souvent à une comédie un peu ratée.
    Silent Night : Tu veux un Coca-Cola avant la fin de l’humanité ? C’est tout ce que j’ai retenu …

     

     

     

    Holy Shit ! : Un tour de force que de réussir un film original avec si peu de moyens. Dommage que l’invraisemblable se mêle à la partie.
    MexZombies : C’est marrant un film de zombies dont les héros sont des gosses. En plus le petit gros, il gagne ! Mais ça manque quand même de rythme et qu’est-ce que ça cause !
    Cop Secret : Premier film d’un gardien de l’équipe nationale islandaise, tourné avec des bouts de ficelle. Si on est partagé entre admiration et déception, on est surtout curieux de voir ce que la suite de la carrière du cinéaste peut donner !
    Mad Heidi : On a eu ce qu’on voulait : un film complètement con devant un public déchaîné. Dommage qu’au milieu il y ait trop de scènes contemplatives et inutiles.

     

     

     

    The Cursed : Dead Man’s Prey : Encore un tour de force coréen qui propose une autre version du mythe du zombie. A voir rien que pour la scène où 100 morts-vivants n’ont qu’un seul but, tuer leur cible !
    The Black Square : Un vaudeville allemand plein de suprises.
    Le Visiteur du futur : Ils ont réussi à passer de la websérie au film en gardant leur ADN. Et c’est rare la SF de qualité en France.
    Megalomaniac : Un film gras et glauque sur le dépeceur de Mons. Peut-être un peu trop d’effets inutiles mais une performance de l’acteur et de l’actrice principale.
    Hinterland : Le plus étonnant, c’est que l’esthétique originale du film, ne nous dérange pas.
    Predator : Bah … c’est Predator non ?

     

     

     

    Ritual : Polar efficace et traitement frontal de l’histoire difficile de la Belgique.

     

     

     

    Once upon a time in Uganda : Un documentaire génial sur une histoire hors du commun. What else ?

     

     

     

    Freaks Out : Les histoire de super-héros ou de mutants, ça peut être vraiment bien quand c’est traité par un cinéaste et pas par des ouvriers de parcs d’attraction.

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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