The passenger : hommage cadavérique
Mon éminent collègue se demandait justement hier en parlant de virus-32 si on pouvait encore faire un film de zombie normal ou si celui-ci devait être excellent comme Le dernier train pour Busan – ou l’excellente série Kingdom – pour que le spectateur daigne s’y intéresser. Vaste question auquel je répondrais par cette réponse simple : tant qu’il y aurait des idiots pour aller titiller les cadavres de zombie ou pour se séparer en pleine forêt alors que le danger rôde, je dirais OUI… On n’insiste jamais assez sur l’éducation et la prévention et un accident est tellement vite arrivé.
Comme les protagonistes du dernier film de Raúl Cerezo & Fernando González Goméz, The passenger. Fauchés comme les blés, ils décident de partager un blablacar pour se rendre dans un village isolé de la campagne espagnole. Passons sur le fait que le chauffeur est un gros macho, parfois nécessité fait loi et elles ne pouvaient pas raisonnablement quitter le vieux van en rase campagne pour quelques propos déplacés. Ne nous attardons même pas sur la dangerosité prouvée des séjours de nuit dans les villages abandonnés – ceux qui ne sont pas convaincus pourront regarder Les Sorcières de Zugarramurdi d’Alex de la Iglesia. Mais lorsqu’ils s’arrêtent en plein milieu d’une route de montagne pour examiner les débris d’une soucoupe volante et ramassent quelques kilomètres plus loin un quidam qui a la tête de Freddy Krueger, on se demande à quoi ont servi les 40 éditions du BIFFF ?
Vous l’aurez compris, The passenger reprend habilement tous les clichés du genre pour les tourner en dérision et nous offrir un film qui plaira à tous les habitués du BIFFF. On sait exactement comment cela va finir et pourtant on ne s’ennuie pas une seule seconde, savourant ce film à l’esthétique résolument année 80 comme si c’était notre premier film d’horreur. V.P.
Deadstream : Rendez-vous en terre d’un con nu 2
C’était le 9 septembre 2022, je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais couché tranquillement au ciné 1 de Bozar au milieu d’une flaque de liquide non identifié mais dont l’odeur me rappelait fortement la Jefke. Je me réveillais soudain en sursaut de mon coma alcoolisé. Les mains moites, les tempes douloureuses et le corps raide. Tout le corps ? L’histoire ne le dit pas. Je me souvenais vaguement avoir rêvé un monde parallèle. Un monde où le BIFFF avait eu lieu en été et dans les Palais sur le plateau du Heysel. Un rêve totalement irréaliste et qui m’aurait arraché un sourire si ma situation n’était pas aussi dramatique. Cela faisait alors près d’un an que les zombies issus du vaccin Amazon Prime avaient fait leur apparition et presque décimé la population mondiale. Ma copine, mes amis, ma famille, tous morts. Pire encore. Il ne me restait que deux jetons pour me ravitailler et plus une seule goutte de Troll à l’horizon. C’est alors qu’un fracas assourdissant retentit derrière moi accompagné d’un bruit de film de sci-fi du genre VVVVWAAAAAOUUUUUH. Tu l’as ? Un portail venait de s’ouvrir devant mes yeux et Bahi. Bahi c’est mon chat. Et c’est un connard. Enhardi par un an à trucider des zombies, je n’hésitais pas à franchir le portail…
…Bonjour Goeiedag (ouaiiiiiiiiiiiiis)! Alors, Deadstream. Vous prenez Jackass d’un côté et vous le faites forniquer avec les trucs les plus cons que vous pouvez trouver sur Youtube et vous obtenez Deadstream…
Je ne rêve pas, c’est bien Stéphane qui se tient devant moi à présenter un film dans une salle où l’air conditionné a été mise beaucoup trop froide. Pourtant je l’ai vu se faire choper par un zombie au col du Glandon (1924m d’altitude quand-même) alors qu’il regardait Pat’Patrouille il y a six mois.
…De film is in competitie voor de Emerging Raven en is een Belgische première. Bon film, goede film ! Mais quel talent !
Et soudain, la mémoire me revenait. Une histoire de film annulé pour un son merdique et un verre de l’amitié. À peine le temps de retrouver mes esprits et Tourdis , Tourdis c’est mon cochon d’Inde et il est sympa, que le film commençait.
Et on nous avait promis un Evil Dead à la sauce Youtube, on l’a clairement eu. Le côté classique du cinéma en moins. Deadstream ou le film de fantôme où un Youtubeur clairement inspiré de Logan Paul et PewDiePie (si ces noms ne vous disent rien, rappelez-vous qu’il est l’heure de vos médicaments et que vous avez une coloscopie à programmer dans le mois) va passer une nuit dans une maison hantée. Le tout en live streaming bien entendu. Non Matthieu, la maison n’est pas en forme de T, elle est hantée. Quoi ? Comment ce serait possible qu’elle soit faite en thé ? Rentre chez toi, ton équipe de U8 a encore perdu.
Grâce à un concept plutôt original, un bon rythme et un humour redoutable, ce Deadstream arrive directement à nous plonger dans son univers entre jumpscare, blagues potaches et critique frontale de la société hyper-connectée où la recherche de la célébrité est devenue pathologique pour certains.
On aurait quand-même aimé voir cette petite pépite dans un ciné 1 chauffé à bloc mais on se contentera de ce très bon moment passé. Bon allez je vous laisse, faut que je retourne défoncer des zombies et Frayant. Frayant c’est mon Capybara et il est chiant. O.E.
Jane : C’est pour la petite bourgeoisie qui boit du champaaaaagne
Décidément, les réseaux sociaux sont devenus un terrain fertile pour les films d’horreur, thriller et autres joyeusetés bifffesques. Un peu comme l’était la télévision dans les années 80-90. À peine sorti d’un Deadstream aussi féroce qu’un sanglier sous cocaïne, on enchaînait avec Jane. Mais déjà vient poindre une question primordiale : Elle est où Jane ? Ah, j’ai entendu « Dans ton cul ! » dans le fond de la salle. Peu probable mais possible. Laissez-moi vérifier.
Non. Elle n’y était pas. Par contre j’ai retrouvé une poignée de M&M’s. Free snack. Whoop whoop. Mais elle ne pouvait logiquement pas être au fond de mon rectum puisque Jane a pris un peu trop au sérieux la chanson Fais comme l’oiseau de Michel Fugain. Et forcément, elle s’est éclatée au sol comme la carrière de Rohff depuis 10 ans et laisse derrière elle ses amies Olivia et Izzy. Sauf qu’elles trouvent plutôt marrant de réactiver son compte Facebook pour défoncer toutes les personnes qu’elles détestent dans un mélange entre Gossip Girl et 13 Reasons Why.
Conçu comme un tacle à la carotide à la réalité parallèle des réseaux sociaux où tout est permis, ce Jane se veut aussi être une dénonciation féroce du système américain de concurrence acharnée pour la réussite au sein d’une petite bourgeoisie en quête désespérée de valeurs et de sens dans une vie profondément triste et pathétique. Wowowowow. Attends Olivier, c’est quoi ces phrases de psychologue à deux balles ? Tu commences par un chronique au summum du débile avec une histoire de vortex temporel complétement jetée et tu nous sors des analyses sociologiques de chez Wish maintenant ? Faut choisir ! Afin de conclure cette chronique, j’aimerais donc remercier le chocolat et les Crac A Nut qui m’ont rendu gros entre mes 6 ans et mes 22 ans et m’ont obligé à développer un humour qui ne fait, certes, pas l’unanimité mais qui me permet d’écrire des conneries avec une facilité déconcertante. Et oui, raconter de la merde peut être un but dans la vie, demandez à Aymeric Caron. O.E.
Freaks Out : moins d’argent que Marvel, plus de cinéma
On en est sûr maintenant, la spécialité de Gabriele Mainetti, c’est de montrer qu’il n’y a pas que les Américains qui savent filmer les super-héros. En 2015, il avait déjà bouleversé le game en imposant sa vision du super-héros dans On l’appelle Jeeg Robot, véritable succès de festival. Cette année, il revient avec Freaks Out qui s’empare de la figure du mutant (à la manière d’X-Men) et qui, une nouvelle fois, sublime son sujet. Le film nous montre que l’on peut faire un film de 2h25, sans copier le modèle Marvel qui ressemble parfois plus à une attraction qu’à du cinéma. Et bien, Mainetti, lui, prend son temps d’installer ses personnages, d’exposer son univers qui entremêle féérie, humour et la férocité de l’époque (la Seconde Guerre mondiale). Et pourtant, le temps passe à une vitesse folle et il est difficile de quitter ces freaks affublé de pouvoir étonnants. Le seul défaut de notre séance d’hier soir, ne vient pas du film, mais dans ces conditions de visionnage. Malgré le bonheur de vivre l’ambiance particulière du BIFFF, il y a de ces films, dont l’univers est tellement prenant, qu’on aimerait plutôt le découvrir seul, sans interférences, de peur de le quitter, ne fût-ce qu’une seconde. Freaks Out n’est rien de moins qu’un chef-d’œuvre dont on va encore entendre parler…
P.S. : je me rends compte qu’il n’y pas une seule blague dans cette chronique. Désolé. Mais je ne vous oublie pas et voici une de mes meilleures (hum hum) : c’est quoi une chauve souris avec une perruque ? Une souris. L.S.
No looking back : ne faites jamais confiance à Mamy !
Ce film, c’est un peu un pamphlet contre les parents qui laissent un peu trop leurs gamins chez les grands-parents, c’est rarement une bonne idée. Pour le coup, Olga n’a pas le choix ! Elle est envoyée en prison pour avoir éborgné son mec, film un peu porté sur les coups de poing et sa fille Masha est envoyée chez Vera, la grand-mère. En sortant de taule, elle retourne naturellement chez mamy Vera pour récupérer sa fille mais la vieille ne veut plus vivre seule et poignarde Olga qui arrive tout de même à s’enfuir avec Masha. Le film consiste ensuite à suivre Vera et l’ex-flic borgne qui poursuivent Olga et Masha à travers les bois. Pour ce film on se pose trois questions essentielles : est-ce que c’est un peu naze ou la vision de Freaks Out nous a tellement enthousiasmé qu’on est plus capable d’apprécier un film mineur ? Est-ce que les acteurs sont extraordinairement bon ou pathétiquement mauvais ? Est-ce que le scénario est une parodie inspirée ou juste une mauvaise idée mal exécutée ? Je vous laisse le choix de faire votre propre choix mais vous vous doutez bien de ce que je pense …
En exclusivité, nous avons recueilli le témoignage d’Antoine qui a eu le courage que nous n’avons pas eu: rester jusqu’à la fin de No Looking Back. Malgré une diction incertaine sous l’influence de l’alcool, voici un bon spoiler de la fin du film. Comme ça au moins, vous ne serez pas tenté de le voir:
On finit par une bonne fusillade inter-mère/fille (sic) mais pas avant d’avoir tiré sur le borgne. La mère lui tire dans le ventre parce qu’il était là « Non mais tu devrais arrêter » et elle lui dit « OH J’EN AI MARRE DE TOI, BOUM DANS TON VENTRE » et « AAAAAIIEEEEEEEEEEEUUUUEEEEEEEE ». Après bien sûr que le borgne ait demandé la fille en mariage. Puis la fille court dans les champs, tu comprends pas trop pourquoi, tu penses qu’elle fuit et elle crie « Cyka Blyat » dans le champ. Puis elle revient, elle met tous les adultes dans la voiture, elle se met à la conduire comme une merde. Puis elle vide un jerricane d’essence sur la voiture, elle l’allume et elle prend feu. Ensuite elle amène tout le monde à l’hôpital, ils sont guéris et tout le monde est content. La scène finale c’est la fille qui saute d’une table sur la mère et sa fille en mode Dirty Dancing et ça s’arrête en plein milieu.
Merci à Antoine et bon retour dans ton centre fermé. L.S.
Scare Package 2 : RRrrrrZZZZPffffffff (oui c’est censé symboliser quelqu’un qui dort)
On va pas s’embêter, rajouter un 2 à la critique du premier chroniqué en tout début de festival :
Heureusement, Scare Package n’est pas une trouducuterie insupportable mais une anthologie du film de genre parsemée de plein de trouvailles tout en rendant hommage au genre qu’elle affectionne (je pense surtout au personnage central qui a comme boulot de préparer les films : changer la direction d’une flèche, couper l’électricité, maudire une poupée, etc.). Seul petit bémol, la fin tire un peu en longueur. Malgré tout, on est prêt pour le numéro 2 dans dix jours !
Je me relis et en fait, non. Cette deuxième partie n’a rien à voir avec ça. Au lieu de garder les trouvailles, ils ont plutôt gardé la fin qui tire en longueur. Certes le film rend toujours hommage au genre en prenant l’arc narratif de l’escape game ou fait même un peu rire quand il inverse les victimes du tueur à l’université : ceux qui s’amusent et sont dépravés survivent et les geeks prennent cher. Mais ça ne sera jamais assez pour nous convaincre ou nous empêcher de dormir (oui Olivier, j’ai respecté la tradition et j’ai dormi sur ton épaule au film de minuit, mais des sources fiables m’indiquent que je n’étais pas le seul …).
C’est avec émotion, que je viens de finir d’écrire pour mon dernier jour au BIFFF et un manque se fait déjà ressentir. On reviendra sur les conclusions mais, au vu de l’ambiance dans nos articles, vous avez sûrement compris que ça a été une bonne édition. On se voit dans l’édition suivante ! Tuez encore ? Jamais plus ! L.S.