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    Quelques faiblesses pour Le bel Alex

    Scénario et dessin : Julia Reynaud
    Éditeur : Casterman
    Sortie : 31 août 2022
    Genre : Intimiste, Roman graphique

    Lauréat 2020 du prix Raymond Leblanc de la jeune création – prix tremplin le plus doté au monde dans le domaine de la bande dessinée puisqu’il récompense d’un montant de 20.000 euros l’œuvre d’un auteur ayant publié moins de deux albums – on attendait du Bel Alex qu’il soit au moins aussi bon que le présageait sa gratification.

    Un propos superficiel

    Qu’est-ce que la beauté, si ce n’est un consensus, une image acceptée par la masse ? Voilà un point de départ certes naïf, mais plutôt prometteur. Imaginant l’histoire d’un garçon qui, en questionnant sa propre apparence, réfléchit au concept même de l’esthétique du corps, Julia Reynaud s’engage sur un terrain tellement fertile, qu’elle nous met encore un peu plus l’eau à la bouche. Mais l’excitation retombe. La pépite que nous promet Julia Reynaud, les mains pleines d’un sujet en or, s’offre à nous comme une réplique bon marché de ce qu’elle aurait pu être. Le propos semble superficiel – b.a .ba pour une œuvre qui traite de l’inconsistance des beautés préfabriquées. L’amour c’est compliqué. Tu es attirant même si tu ne leur ressembles pas.

    Des personnages qui peinent à convaincre

    Et les personnages tout droit sortis d’un teen-movie des années 90, peinent également à nous convaincre. Noah, le héros lambda pas trop vilain cache son manque de confiance derrière un rideau de cheveux. Il est affublé d’un meilleur ami, lui, carrément moche selon les standards mais toujours de bon conseil et il courtise une jeune demoiselle très sociable qui – comme les canons ont, Dieu merci, quand même un peu changé – est une version plus charnue, plus sensuelle et moins timide de ses prédécesseures.

    On regrette qu’il n’y ait pas un parti-pris plus affirmé. Une trouvaille qui aurait fait décoller l’album : de l’humour, une réflexion originale, des personnages mieux campés dans leur rôle. Le point positif de cet ouvrage reste son extrême actualité, renforcé par l’insertion de discussion en ligne qui vient bouleverser un peu les codes habituels de la narration et par l’androgénéité du récit. Le Bel Alex se révèle en fait être la belle Alex. Noah, qui comme tous les personnages porte un prénom mixte, est en proie à des questionnements trop souvent réduits à leur condition de problèmes d’ordre féminin. D’actualité, Le bel Alex est une bande dessinée qui peut plaire aux ados, reprenant tous les poncifs du genre, mais qui manque encore un peu de corps.

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