Sinkhole: grosse taupe !
C’est dimanche, le soleil brille, les oiseaux chantent et vos chers serviteurs prennent l’apéro en terrasse avant de se rendre en Ciné 1 pour un film sud-coréen, Sinkhole. Chose étonnante, aucune file à l’horizon. V’là-t’y pas que la séance a commencé à l’heure ! Pas le choix, pour éviter de se prendre plusieurs salves de “assis !”, on s’installe devant l’écran, l’endroit où on lit les sous-titres comme l’on regarde un match de tennis.
Sinkhole, c’est l’histoire d’un immeuble de Séoul et de ses habitants, des saoulants, qui tombent dans une doline. L’immeuble fait une chute de plusieurs centaines de mètres pour se bloquer entre les parois boueuses de la doline. Comment vont-ils faire pour sortir de cette galère ?
Saoulant demeure le qualificatif adéquat pour désigner les deux premiers tiers de ce film qui, au-delà de présenter une histoire totalement loufoque et invraisemblable, nous propose un jeu d’acteurs d’une médiocrité affligeante. Probablement payés au lance-pierres comme les journalistes au Suricate, les comédiens n’arrivent jamais à nous faire croire une seule seconde au sérieux de la situation dans laquelle ils se trouvent, peu aidés il est vrai par un film mal assis entre la comédie de science-fiction et le vrai film catastrophe. La première demi-heure est un pamphlet sur l’immobilier à Séoul, la seconde est un mauvais huis-clos théâtral où chaque protagoniste surjoue et court telle une poule sans tête et enfin, la troisième est l’apogée du ridicule où chaque grosse ficelle est tirée dans un Barnum général. Au final, rien ne sauve ce film qui fait passer San Andreas pour un chef d’œuvre.
Si vous souhaitez admirer une belle histoire de personnes bloquées sous terre avec de l’eau jusqu’au cou, nous vous conseillons l’excellent documentaire The Rescue sur Disney +. M.M.
Moloch : MST (Malédiction Sexuellement Transmissible)
Dans une petite ville des Pays-Bas où les gens parlent en rrr rrr rrr, Betriek a deux énormes problèmes. Déjà, elle a un prénom de merde. Mais en plus de ça, sa famille a une malédiction qui fait en sorte qu’à un certain âge, les femmes se retrouvent avec la jugulaire dans le même état que le foie de Loïc Smars. Et c’est pas joli à voir. Non mais sérieux, si on faisait un foie gras avec, il aurait un goût de bière. Ce qui ne serait pas si mal dans le fond. Si tu lis cette chronique et que tu vois Loïc (90% de chances qu’il soit au fumoir) tu serais gentil de lui verser un peu de GHB dans son verre (si tu n’en as pas, tu peux en demander à Matthieu Matthys, il en a toujours un peu sur lui) et de m’appeler. Bref, pour couronner le tout, Betriek est veuve, a un gosse sur le bras et vit chez ses parents. La belle VDM.
Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas eu un long métrage batave au BIFFF. Le dernier que j’avais vu était Prooi de notre cher ami Dick Maas avec son lion numérique qui se baladait dans Amsterdam. Et dire que ce film n’était pas le sommet de sa carrière est un euphémisme. Avec Moloch, Nico van den Brink nous offre par contre un film d’horreur très classique dans ses codes mais avec une réalisation très soignée et une ambiance sombre qui vous suit durant tout le film tel l’odeur des burgers du BIFFF. Bien sûr, le film n’arrive pas à la cheville du monument de cinéma fantastique hollandais qu’est New Kids Nitro mais que voulez-vous, le génie n’est pas donné à tout le monde. Il réussit tout de même à nous transporter très rapidement dans son ambiance glauque grâce aussi à un excellent casting. Une belle surprise donc et un candidat sérieux pour la compétition européenne. Plus sérieux que Rubikon en tout cas, voir la chronique de Loïc ci-dessous. O.E.
Ritueel : Le temps (pas du tout) béni des colonies…
Zalava : un village de badcheye gendeh
Eh Matthieu, doodoole kooshooloo ! Vous voyez, je viens ici d’insulter un des fondateurs du Suricate de petite bite en Perse. Cette connaissance fantastique d’une langue si riche me vient de mon ami Samy qui nous apprenait toutes les insultes possibles dans cette magnifique langue pourtant peu connue. Car nos connaissances de l’Iran se limitent souvent à des banalités. Bien sûr, ils sont à la pointe en matière de droit des femmes, éprouvent une admiration sans bornes pour les États-Unis et ont adopté le mariage pour tous depuis des années. Ça, tout le monde le sait. Mais saviez-vous que les Iraniens savaient aussi faire claquer leurs doigts pour obtenir un son semblable à des maracas qu’on tape l’une contre l’autre et possèdent un don héréditaire pour applaudir avec leur ventre ? Eh ouais, on vous apprend plein de choses inutiles au Suricate.
Grâce à Zalava, on sait aussi que les Iraniens des milieux ruraux croient qu’il faut tirer une balle dans la jambe de quelqu’un qui est possédé pour faire sortir le démon. Et cette bande de Gardan koloft va mettre ses superstitions en action à partir du moment où ils sont persuadés que la moitié du village est possédé et que tout est la faute du sergent Massoud, le policier local avec la dégaine de Borat. Eh ouais mon pote. Assassin de la poliiiiiiiice ! Whoooop whooooop. Nique la poliiiiiice. Whooop whooop. Et vu que ce sont tous des doodoole kooshooloo, ils vont étendre leur inquisition à la docteure du village. D’autant que Massoud leur avait dit boro gom shoh bisharaf et avait fait emprisonner l’exorciste le plus populaire du village.
On ne va pas vous mentir, nos attentes n’étaient pas très hautes pour ce Zalava. Et au final, nous avons été très agréablement surpris. Grâce à un bon rythme, un excellent casting et une ambiance générale sobre mais pesante, on arrive presque à ressentir la suspicion et le doute bigot des villageois qui les pousse à agir de manière irrationnelle. Et quand on sait que Zalava n’est que le premier film d’Arsalan Amiri, c’est plutôt impressionnant. Un film très intelligent sans pour autant être chiant ou moralisateur et donc au final un excellent moment d’immersion dans la culture perse.
Et sinon vous voulez savoir comment se faire refuser l’entrée en Iran à vie ? Eh Khomeini ! Kiram to dahanet ! O.E.