Scénario : Pierre-Henry Gomont
Dessin : Pierre-Henry Gomont
Éditeur : Dargaud
Sortie : 26 août 2022
Genre : Historique, Aventure
Déjà auteur de Malaterre et de La fuite du cerveau, tous les deux publiés chez Dargaud, Pierre-Henry Gomont nous revient avec une trilogie sur la Russie des années 90, Slava, dont le premier tome, Après la chute, vient de paraître. Récit dont le côté tragique est désamorcé par une bonne dose d’humour, Slava aidera le lecteur à comprendre la débâcle ayant suivi le démantèlement de l’Union Soviétique et l’état actuel de la Russie.
Les années 1990, quelque part en Russie. Dans un décor qui fait la part belle à l’immensité des espaces russes autant qu’aux vestiges de l’architecture soviétique, deux maraudeurs se livrent à une activité pour le moins douteuse : mettre la main sur toutes sortes de babioles susceptibles d’intéresser de riches investisseurs. L’un, Dimitri Lavrine, est un trafiquant sans scrupules. L’autre, Slava Segalov, est un artiste qui a renoncé à ses rêves de gloire et tente de se faire une place dans ce monde nouveau qui s’ouvre à eux. Au moment où commence cette histoire, ils sont occupés à récupérer, dans un bâtiment à l’abandon, tout ce qui peut se monnayer. Mais rien ne va se passer comme prévu…
Du tragique sur un ton léger
Pour un lecteur occidental, les images se formant dans sa tête à l’idée d’un monde sans foi ni loi sont souvent celles décrites dans les westerns. Etrangement, peu de gens sont au courant des déboires vécus par les peuples de l’ancien empire soviétique à la chute de celui-ci, débâcle dont les conséquences se font encore sentir à l’heure actuelle. Et si certains auteurs ont choisi de traiter ce sujet de manière ultraréaliste comme Svetlana Alexievitch dans ses nombreux livres de témoignages ou plus récemment Oleg Sentsov dans son film Rhino, Pierre-Henry Gomont a lui choisi un ton plus léger, tout en n’occultant pas les difficultés subies par la population à cette époque.
Après la chute est une œuvre agréable à lire, bien rythmée, bourrée d’humour noir et de cynisme mais qui décrit bien les qualités de débrouillardise dont on dû se doter de nombreux Russes pour survivre durant cette période. Personnifiés sous les traits de Lavrine et Slava, l’auteur montre de manière correcte ce combat entre cynisme et idéalisme, entre éthique et nécessité de remplir le frigo qui a traversé toutes les sociétés post-soviétiques et qui expliquent en partie pourquoi beaucoup de ses citoyens sont encore aujourd’hui attachés à une forme de stabilité, fût elle au détriment des libertés fondamentales.
En ce sens, Après la chute est un excellent point de départ pour comprendre cette période de l’histoire.