Mise en scène de Roxane Lefebvre avec Graziella Boggiano, Violette Pallaro et Jérémie Siska.
Du 18 septembre au 04 octobre à 20h30 (19h le mercredi) au Théâtre des Riches Claires
Une île isolée, un jeune homme vivant seul avec sa mère et la mer. Tel est le décor planté pour cette création « originale » de Roxane Lefebvre qui revisite à la fois Persée et Œdipe dans leur intemporalité.
Avec des airs de Petit Prince, Georges (car c’est ainsi que ce prénomme le jeune homme, comme il aura l’occasion de le répéter à plusieurs reprises) mène une vie autarcique au côté de sa mère sur une île où les miroirs auraient disparus, ou du moins c’est que la mère de Georges lui répète sans cesse. Une mère qui semble vouloir son bien mais qui cherche avant tout à le protéger de sa propre curiosité, relativement limitée dans un premier temps.
Georges est atteint d’un mal peu commun : n’ayant jamais vu son propre reflet, il s’évanouit dès qu’il croise le regard d’une femme. Il essaye pourtant de faire face à ses peurs alors qu’apparaît une jeune fille dans les parages. Pleine de vie et d’innocence, elle suscitera rapidement une série de réactions jusque-là inconnues à Georges.
En misant sur une scénographie minimaliste, la metteuse en scène et auteure de la pièce Roxane Lefebvre veut laisser un place prépondérantes aux trois personnages dont la présence s’alterne dans un décor fait de blanc, symbole s’une pureté apparente qui ne tardera pas à être mise à mal par les alentours obscurs, l’immaculé Georges étant le premier affecté.
La difficulté à communiquer, à aller vers l’autre et à s’émanciper vers l’âge adulte apparaissent ici avec un certain décalage, non sans un côté malsain. Georges est en effet un petit garçon entré malgré lui en âge adulte, sur-couvé par une mère ultra-protectrice, qui a peur de voir partir la seule personne qui occupe sa vie et ses journées.
Si la mise en scène est techniquement irréprochable irréprochable aussi bien sur le jeu de lumières, d’obscurité et d’ombres que dans l’habillage sonore qui transportent littéralement le spectateur jusqu’à provoquer la peur du noir et de ce qui va se passer, le sujet est en revanche très (voire trop) évident, de même que les relations entre les trois personnages.
La répétition de plusieurs scènes donne un côté rébarbatif à l’œuvre et finit par déforcer le suspense jusqu’à l’anéantir complètement dans une conclusion somme toute assez prévisible.
Il était spécifié au début de cet article que cette œuvre est une création originale mais il y a une sensation de resucée de la mythologie grecque sans réussir à lui apporter une dimension nouvelle ou encore d’ouvrir la voie sur de nouvelles réflexions.
Si Leurs yeux part d’une démarche de travail réellement professionnel et les meilleures intentions théâtrales, elle ne dépasse malheureusement pas le niveau superficiel de réflexion que ces sujets pourraient susciter à cause d’une approche beaucoup trop explicite et une utilisation à outrance des vieilles ficelles du récit initiatique, telles que la curiosité inassouvie et du goût de l’interdit.