Some Velvet Morning
de Neil LaBute
Drame
Avec Alice Eve et Stanley Tucci
Sorti en DVD le 10 septembre 2014
Un homme, Fred (Stanley Tucci), sonne inopinément à la porte d’une jeune femme (Alice Eve), surnommée Velvet. Cette dernière se révèle être l’ancienne maitresse de Fred. Après un hiatus de quatre ans, Fred débarque chez Velvet sans crier gare.
Malgré la brièveté du film (1h20), il s’en suit un long et pénible huis clos entre deux amants, laissant le spectateur complètement externe à l’action. Genre en-soi, le huis clos n’est pas un exercice cinématographique évident à maitriser, et force est de constater que Neil LaBute n’est pas Haneke, Polanski ou Hitchcock. Et même sans faire appel à ces figures tutélaires quelque peu écrasantes, on se souvient que même dans le cinéma milieu de gamme américain des années 2000, des films comme Hard Candy ou Phone Boot avaient l’ambition de la mise en scène, et, sans renouveler le genre donnait à voir quelque chose qui s’apparentait à du cinéma.
Dans Some Velvet Morning, nous avons affaire à du théâtre filmé, (genre Diner de Cons, mais sans l’humour, on ne rit jamais dans Some Velvet Morning, c’est un film vide de sentiments, un film de robots), avec abus de champs contre-champs platement exécuté par un chef op’ sous Xanax.
Les acteurs font ce qu’ils peuvent, c’est-à-dire pas grand-chose, il est vrai handicapés par un script indigent. Velvet minaude, hausse la voix, se repent. Fred s’approche, recule, se fâche, s’assied, s’excuse. On aurait pu espérer d’un film au micro budget où les blessures mal cicatrisées du passé débouchent sur des dialogues au cordeau, avec une tension sexuelle palpable, entre non dis et manque. Rien de tout ça ici, le réalisateur désamorçant automatiquement toutes les scènes où la tension monte par une résolution (dialoguée) qui maintient tout le film dans un improbable et désagréable entre-deux, plein de ressentiment. Ce qui donne un ascenseur émotionnel complètement factice, sur base d’une alternance mécanique de scènes, et l’on se dit rapidement que nos deux protagonistes ne sont pas convaincants sur les plans des affects et de la psychologie.
Mais le pire se loge dans les cinq dernières minutes : non seulement nous avons droit à une scène d’une violence dégueulasse, totalement déconnectée du reste du film, mais également un twist qui nous fait comprendre que « les choses ne sont pas aussi simples que ce qu’elles paraissent » et nous fait revoir le film autrement (honnêtement, qui fait encore ça ?). Et l’on a presque envie de dévoiler ce twist, tant sa nullité, sa perverse hypocrisie et sa morale phallocrate sont répugnantes. Un film médiocre, que son final vient encore un peu plus enfoncer.