De Corinne Merle, avec des extraits de textes de Virginie Despentes, mis en scène et joué par Corinne Merle. Au Théâtre Arto à 15h du 7 au 30 juillet.
Qu’est-ce que le féminisme ? Est-ce une revanche de la femme sur l’homme ? Est-ce une volonté de dominer après avoir subi la domination ? Ou ne serait-ce pas, tout simplement, la réclamation d’un respect égal des deux sexes ? De nombreuses pensées fourmillent sur ce thème avec notamment plusieurs grands noms tel que celui de Virginie Despentes. Il n’est donc pas surprenant que nous ayons été attirés par le titre de ce seul en scène, et c’est d’ailleurs ce qu’espérait a priori Corinne Merle et ce qu’elle nous confie dès les premières minutes de son spectacle.
Sur scène, une chaise d’un côté et une table de l’autre. Sur la table, un bol vide, un autre contenant des œufs, un fouet, et un bocal qui semble contenir du sel. Pour une pièce sur le féminisme, un décor qui rappelle la cuisine peut-être intéressant, pourquoi pas. La suite de la mise en scène nous questionne cependant. Battre des œufs pour se rebeller contre les dictats imposés à la femme ? Après tout, pourquoi pas, chacun est libre d’exprimer sa frustration comme il le souhaite, homme ou femme. Mais que dire de cette scène d’agitation sous un drap ? Guère convaincant.
Intéressons-nous donc au message dispensé aujourd’hui. Des chiffres sont cités, des expériences personnelles partagées, jusque-là, nous gardons notre intérêt. Mais au milieu de tout cela, rien ne semble aller correctement. Depuis quand le féminisme signifie-t-il arrêter de faire le ménage ? Sommes-nous féministes si nous vivons dans la crasse, et anti-féministes lorsque nous choisissons de vivre dans un environnement décent ? Et puisque le féminisme d’après Corinne Merle signifie se rebeller contre les dictats, pourquoi ce choix d’évacuer sa frustration en effectuant une tâche assimilée à ces dictats ? Revenons-en alors à ce qui nous a de base interpellés et intéressons-nous à Virgnie D. et son influence sur… Son influence ? Avec deux citations et une interprétation ambigüe de sa pensée ? Bon, et ce passage sur les contes pour enfants alors, voilà quelque chose d’intéressant d’un point de vue de l’éducation au féminisme ! Dommage que cette partie là soit non seulement à peine évoquée, mais soit également reliée à une mise en scène dont le sens nous échappe.
En conclusion, Corinne Merle aurait peut-être du s’en tenir aux passages de narration et de dénonciation qu’elle maitrisait et épurer sa mise en scène qui ne lui correspondait guère. La maîtrise du sujet semble également insuffisante mais a le mérite de nous donner envie de nous replonger dans certaines lectures plus intéressantes. Enfin, de notre côté, nous aurions plutôt nommé ce spectacle « Comment j’ai découvert le féminisme à 50 ans sans le comprendre ». Corinne Merle nous avait promis que les hommes allaient prendre cher. C’est le féminisme lui-même qui en est affecté.
Le Nué Anouck & Mitrugno Christophe