More

    [Avignon OFF 2022] Le chevreuil et Dalida au Théâtre Artéphile

    De et avec Clémence Caillouel, mise en scène de Jessica Walker. Au Théâtre Artéphile à 20h30 du 7 au 26 juillet (relâches les 13 et 20 juillet).

    Clémence Caillouel est une comédienne et clown qui axe ses performances entre humour et tragédie, entre sensibilité et grotesque. C’est dans cette optique qu’elle se lance dans ce projet sur Dalida, Le chevreuil et Dalida, qui traite de ses amours, ses souffrances, le suicide. On retrouve Dalida dans sa maison de Porto-Vecchio, dans une ambiance de fête, se présentant à une interview où elle va retracer les grands évènements de sa vie. Mais au milieu des tubes, des grandes tournées, apparaissent aussi toutes ses brisures et le spectre permanent du suicide. La vie de Dalida est tragi-comédie, entre strass, paillettes et souffrances. Si le succès est au rendez-vous, sa vie personnelle est parsemée d’aventures ratées et où les rares hommes qu’elle a vraiment connus se sont suicidés.

    On découvre sur scène, que quelques accessoires : une robe de chambre, un ventilateur, une énorme bouée gonflable et surtout une tête de chevreuil sensée représenter la frontière entre la vie et la mort. L’actrice nous accueille en maillot, le visage maquillé de manière outrancière et sa tête supporte une chevelure désordonnée. Elle utilise l’idée de l’interview pour aborder tous les évènements marquants de la vie de Dalida. Pour cela elle questionne le public devenu un parterre de journalistes en conférence de presse. C’est parfois dans ces moments-là où la magie peut disparaître. Si le grotesque de l’interprétation et du décor peut décontenancer, faire sourire ou enthousiasmer, le fait de convier les spectateurs à interagir avec la comédienne ne peut être une bonne idée que si on est prêt à l’assumer totalement. Pourquoi vouloir écouter les questions du public si c’est pour botter en touche et finalement décider ce que l’on veut dire ? Pourquoi inviter le public à chanter avec elle si c’est pour ne pas utiliser les mêmes paroles que celles connues par tout le monde ? Par contre, quand son personnage bouffon se décide de mettre mal à l’aise le public et en faire un ressort comique, c’est plutôt réussi (par exemple le passage sur Arnaud Desjardins).

    Malgré tout, le travail de Clémence Caillouel sur le tragi-comique bouffon sert donc à merveille ce sujet si délicat et amène, grâce à ses exagérations, l’émotion de manière poétique au milieu des rires.

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

    Derniers Articles