Scénario et dessin : Wauter Mannaert
Éditeur : Dargaud
Sortie : 20 mai 2022
Genre : Aventure, écologie
Wauter Mannaert livre le troisième tome de l’histoire de son héroïne qu’il a introduite au monde de la BD en 2019, d’abord dans un one-shot – Yasmina et les mangeurs de patates– avant de commencer sa série en 2020 par Master-classe. Dans cette nouvelle aventure, Yasmina. Les plantes contre-attaquent!, des ados révoltés décident de mener des attaques guérilléros pour rendre la grande ville plus verte. Mais est-ce la bonne méthode pour y parvenir ?
L’objectif pédagogique et la conscience écologique de l’auteur sont clairs, peut-être même trop, et ce dès le départ. Les personnages vont tous plus ou moins dans le même sens, et le conflit est absent de la BD. Ce sont les gentils écolos contre le méchant béton, qui n’a pas droit à la parole. Même s’il y a une dispute ou deux, et de vagues échanges d’arguments, la divergence de vues entre les gens qui font bouger les choses et ceux qui parlent n’est pas bien retranscrite ici.
Trop superficiel
Qui trop embrasse mal étreint, et Mannaert semble vouloir s’attaquer à une montagne (pour accoucher d’une souris). En 52 pages, il évoque les différentes sortes de papillons et d’insectes qui vivent encore dans nos villes, des lapins enfermés dans une réserve, une scientifique créatrice d’un produit magique, des bombes à semences, la surface considérable de bureaux inoccupés, les drones, etc. Mais en n’allant pas au bout de ses idées, il ne parvient pas à créer du suspens ou rendre la situation aussi dangereuse qu’espérée. Ce faisant, il oublie de construire ses personnages, des émotions, de la poésie, une histoire.
Même si le public visé est jeune et la cause importante, l’auteur a le devoir de livrer un récit qui s’attache à des ressentis plutôt que des idées politiques. Ici, on se croirait parfois devant un dessin animé pour enfants de 6 ans. Les traits du visage sont d’ailleurs très vaguement esquissés, même si l’atmosphère nocturne de la ville est bien rendue. Nous n’avons aucun moyen d’entrer vraiment dans la psyché des personnages et nous ne savons pas qui est la Yasmina du titre.
C’est dommage, car à la lecture, on a parfois l’impression de lire un prospectus cartonné d’une asbl locale écolo. On peut espérer que dans le tome 4, Wauter Mannaert fasse surgir ses opinions de manière plus subtile, et mette en avant la délicate rébellion émotive adolescente, à travers des échanges de regards et un vrai partage de vie, plutôt que des arguments politiques dessinés.