Titre : Le Meurtre de Harriet Monckton
Autrice : Elizabeth Haynes
Editions : Mauvaise Graine
Date de parution : 13 mai 2022
Genre : Policier
Elizabeth Haynes, dont le premier roman Into The Darkest Corner a été publié dans 37 pays nous revient avec un polar historique, Le Meurtre de Harriet Monckton, qui décrit avec brio l’hypocrisie et la rigidité morale de la société victorienne. Une atmosphère qui nous rappelle parfois des événements beaucoup plus contemporains, raison pour laquelle cette œuvre, si elle est sensée nous évoquer un passé lointain, parle également de notre présent.
Le 7 novembre 1843, Harriet Monckton, 23 ans, est retrouvée assassinée par ingestion d’une dose mortelle d’acide prussique derrière la chapelle qu’elle fréquente régulièrement à Bromley, dans le Kent. Le chirurgien rapporte que Harriet était enceinte d’environ six mois.
Dans ce roman haletant, Elizabeth Haynes reconstitue les dernières heures d’Harriet à travers les yeux de ses proches et des dernières personnes à l’avoir côtoyée. Ses collègues professeurs, son futur fiancé, son séducteur, son ancien amant, chacun à travers son témoignage lève un voile sur le mystère, ou l’assombrit un peu plus, afin de mieux préserver ses intérêts. Car si les rapports du coroner et les dépositions des témoins en révèlent assez peu sur le meurtre lui-même, il en dit beaucoup sur la société de l’époque, qui se souciait beaucoup plus de sa réputation et respectabilité que du sort d’une jeune femme, considérée alors comme une pécheresse.
A la lecture de ce livre, on ne peut qu’éprouver de l’empathie pour la pauvre Harriet Monckton mais également pour toutes les personnes qui ont dû un jour abandonner tout espoir de justice et d’une vie normale pour s’effacer devant des intérêts supérieurs, la réputation de telle ou telle institution, de tel groupe de la population, simplement parce qu’elles étaient femmes, avaient des opinions différentes de celles de la classe dominante. A travers cette œuvre et particulièrement le journal intime d’Harriet – qui lui est une œuvre de fiction – on réalise à quel point notre société a heureusement évolué sur certains points mais reste néanmoins fortement inégalitaire, laissant peu de place à ceux qui ne se soumettent pas à la pensée dominante.
Le Meurtre de Harriet Monckton, un ouvrage qui certes dérange mais dont la lecture est néanmoins nécessaire pour comprendre notre société actuelle.