Klondike
de Maryna Er Gorbach
Drame
Présenté en première mondiale au festival de Sundance en janvier 2022 ainsi qu’à la Berlinale la même année, Klondike, de la réalisatrice ukrainienne Maryna Er Gorbach nous plonge dans le quotidien d’une famille dans le Donbass occupé, au début de l’été 2014. Un témoignage bouleversant à portée universelle qui nous fait réfléchir sur le sens de la guerre ainsi que sur les réactions de chacun par rapport à un bouleversement d’une telle ampleur dans sa propre vie.
Juillet 2014 – Irina et Anatoly attendent leur premier enfant et font des plans pour l’avenir, mais sans crier gare, la guerre entre brutalement dans leur quotidien. Alors que le missile qui a abattu le vol MH17 de la Malaysian Airlines a été tiré depuis leur village, se pose la question de l’attitude à adopter face aux séparatistes et à leurs alliés russes ainsi qu’à une éventuelle retraite vers une zone libre.
Huis clos familial
Contrairement à de nombreux films ou documentaires de ce genre, Klondike ne nous mène pas au cœur des combats mais propose d’analyser les réactions d’une famille lorsque la guerre s’invite dans le quotidien de celle-ci, ce qui au final, rend l’œuvre encore plus poignante et universelle. Car face à la guerre, les réactions peuvent être diamétralement opposées, ce qu’illustre à merveille ce portrait de famille qui semble être une métaphore des différentes alternatives possibles devant une telle catastrophe.
Le film se présente dès lors comme un huis clos où la tension monte d’heure en heure, à mesure que les événements s’enchaînent, que de nouvelles difficultés apparaissent et que les choix laissés aux différents protagonistes se rétrécissent. Un récit en vase clos où la réalisatrice se concentre uniquement sur ces personnages, laissant aux spectateurs la tâche d’interpréter les indices qu’elle nous laisse pour déchiffrer le contexte.
Alors que de nombreuses choses ont été écrites sur la guerre en Ukraine, Klondike a le grand mérite de s’intéresser au point de vue des populations qui vivent ce conflit de l’intérieur. Une population qui, loin des discours de propagande ou des récits romancés sur la guerre, ne peut que s’adapter face à cette irruption de violence dans leurs vies.