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    « N’importe où sauf ici », vers un voyage introspectif

    Titre : N’importe où sauf ici
    Auteur : Rob Doyle
    Editions : Au Diable Vauvert
    Date de parution : 20 janvier 2022
    Genre : Roman

    Fait assez rare ; c’est le nom de la traductrice qui attire d’abord notre regard. Comment cet inconnu de Rob Doyle a t’il réussi à convaincre Alice Zeniter de lui consacrer du temps. Intrigué par des potentielles qualités littéraires qui expliqueraient ce travail – ou au moins séduit par l’idée de tenir dans les mains un ouvrage correctement traduit – on se laisse tenté par ce livre à la couverture psychédélique so 2000.

    Dès les premières pages, Rob Doyle se dédouane. Écrire sur soi n’est pas tellement plus prétentieux que de vouloir écrire tout court. Pourtant, quand on lit les tribulations dépressives du jeune homme, on ne peut s’empêcher de trouver que quelque part, l’autobiographie reste plus narcissique que la fiction. Rob Doyle habite le monde, sans jamais se sentir chez lui. Il se nourrit de ses voyages sans jamais être rassasié : quittant tantôt le charme arrogant de Paris pour la moiteur enivrante de Bangkok, avant de  lui préférer l’impertinente Berlin. Et nous n’avons d’autres choix que de le suivre.

    Paradoxalement, même si la démarche de Rob Doyle est auto-centrée, voire même un peu plaignarde, l’auteur parvient à faire preuve d’une certaine humilité. On s’ennuie parfois de cette manière qu’il a de se représenter, se complaisant dans l’image clichée de l’occidental érudit et désabusé, qui cherche dans l’alcool et la drogue un remède à son mal-être. Essaye-t-il de nous convaincre qu’il est assez torturé que pour être artiste ? Qu’il est assez tourmenté que pour mériter d’être écouté ? Mais tout de même, on lit ses plaintes avec plaisir, comme si Rob Doyle parvenait à gagner notre confiance. Comme si nous devenions son ami. Le jeune journaliste irlandais qui a déjà vécu mille vies et rencontré une large gamme de personnages haut-en-couleur, manie la langue avec fluidité et émotion. Il nous entraîne dans les fanges de son esprit, là où il vomit sa grosse cuite avec poésie. Mais surtout, il glisse entre deux introspections dévalorisantes, des références littéraires ou philosophiques, qui nous permettent d’en apprendre plus tant sur les champignons hallucinogènes que sur la prose de Cioran. Bref, il joue un jeu dangereux entre justesse et trop plein, entre simplicité et démonstrativité, perdant parfois un peu l’équilibre.

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