Isolées, à l’abri du monde et des hommes, deux femmes, Dominique et Gaby, se sont installées dans un camping, pour une durée indéterminée. Devant leur caravane, elles se préparent, attendant interminablement on ne sait qui, on ne sait quoi. Elles semblent gravement préoccupées par l’insoluble problématique du « quoi porter » pour être à leur avantage et naturellement, faire bonne impression. Leurs échanges sont laconiques, un brin absurdes, forçant le sourire, et peu à peu, le malaise.
La force de Magne van den Berg réside dans ces courtes répliques, cet humour omniprésent, qui suggèrent drame, souffrances, regrets et espoirs des femmes. Chaque parole est double, cachant derrière une apparente superficialité, une violence profonde presque palpable et dont l’enchaînement mène sans détour au bord d’un précipice au fond duquel gisent les rapports de domination qui, comme les chardons à aiguilles, prolifèrent alors qu’on cherche à s’en défaire.
Privés de feuilles, les arbres ne bruissent pas, c’est une mise à l’épreuve, une invitation à lire entre les lignes, à décoder, à dépasser les a priori, à se charger de questionnements et les emporter en sortant de la salle…