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    La conférence, une proposition très conventionnelle

    Scénario : Mahi Grand
    Dessin : Mahi Grand
    Edition : Dargaud
    Sortie : 21 janvier 2022
    Genre : Roman graphique

    Après Steinbeck, Romain Gary, Camus, c’est Kafka qui rejoint le banc des grands écrivains qu’ont pompés les auteurs de bande dessinée. Il n’y a pas à dire, l’heure est à l’adaptation. Loin des Métamorphoses, c’est une petite nouvelle peu connue qui est mise à l’honneur et qui répond au doux nom de La conférence. On y fait la rencontre d’un singe qui raconte à une assemblée de barbus fièrement encostumés comment il a réussi à sortir de sa condition primitive pour évoluer dans le monde libre des hommes. L’ironie du propos, celle qui se rit de l’amour-propre des humains et de leur assise sur le monde animal, n’est pas subtile. Elle clignote sur les enseignes de nos magasins, dans le feu de nos villes. N’est finalement pas le moins libre celui qui pense l’être ?

    L’homme-singe raconte l’enfermement, l’asservissement et l’humiliation d’être utilisé pour divertir.  Pour sortir de cette condition dégradante, il ne voit qu’une solution, celle du mimétisme. En adoptant les gestes des humains, il soigne leur égo en montrant une réelle volonté d’intégration. Le double-sens est évident, le discours n’évoque pas tant la maltraitance animale que le sombre passé colonial de l’Occident.

    Plus-value?

    L’adaptation d’une nouvelle rédigée par un écrivain aussi acclamé que ne l’est Kafka permet au bédéiste de se servir dans un scénario sur-mesure, tout en profitant du renom de son auteur. Mahi Grand a raison, on ne va pas lui en faire un Procès. Mais pour le lecteur, il faut que cette nouvelle version représente une plus-value par rapport à l’histoire originelle, sinon pourquoi ne pas directement lire l’intégrale du texte ? Et malheureusement, la bande dessinée peine à se détacher de l’œuvre initiale et à prendre son envol. Certes, le récit se tient, malgré la difficulté que représente le peu de lieux dans lesquels se déroulent l’action. On applaudit aussi l’assise dans le réel d’un texte presque philosophique. Mais la version bande dessinée de la conférence reste très académique (c’est le cas de le dire). Le dessin est traditionnel, autant que le découpage et le traitement chronologique des faits. On sent une envie d’y mettre les formes avec une multiplication des techniques utilisées – en jouant sur du transparent et de l’opaque, des textures et des aplats –  mais le résultat rend surtout l’ouvrage graphiquement incohérent à certains moments.

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