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    A pleines mains, on n’y va pas avec le dos de la cuillère

    Scénario : Joseph Safieddine & Thomas Cadène
    Dessin : Pierre Thyss
    Éditeur : Casterman
    Sortie : 11 février 2022
    Genre : humour, adulte

    Après avoir lâché sa « librairie » – comprenez magasin porno – pour cause de faillite, Pablo se voit contraint de retourner chez ses parents. Tendre puceau, il retrouve sa chambre d’ado et, avec elle, le souvenir de ses branlettes pré-pubères. Là entre ses murs colorés et ses posters dénudés, il se remémore avec émoi l’objet de ses premiers fantasmes, Gudrun, la rousse plantureuse et héroïne de jeu vidéo (non, ce n’est pas cliché !). Un jour, aussi soudainement qu’une jouissance incontrôlée, une idée germe dans le cerveau excité de Pablo. Un business révolutionnaire. La création d’un lieu stimulant le plaisir par le souvenir. Appelez Pablo, racontez-lui le secret de vos nuits les plus torrides et il vous reproduit avec exactitude le cadre idéal de votre meilleure masturbation.

    Un peu d’amour, beaucoup d’humour. Un peu de travail, beaucoup de cul. On prend l’art de la farniente à pleines mains. En un claquement de doigts, l’adolescent retardé qu’était Pablo se transforme en manager de la branlette high-standing. Exit les problèmes d’argent, il suffit de vouloir un entrepôt pour l’avoir. Après tout, qu’importe le raisonnement, si on y prend du plaisir.

    Un album qui ne se prend pas au sérieux

    Le scénario est aussi pauvre que réjouissant, tout comme le dessin. Et ça fonctionne. Pierre Thyss troque son trait dur et noir de traducteurs afghans pour un dessin très numérique, un peu caricatural. S’inspirant d’une tendance graphique et narrative cartoonesque – à la manière de Family Guy, Futurama, les Simpsons ou encore plus récemment Bojack Horseman par exemple – A pleines mains retraduit machinalement les codes d’un genre qui a fait ses preuves. Prônant un humour qui se veut décalé, grivois sans être pornographique, l’album s’adressera plutôt à un public jeune qui cherche à se divertir. Il suffit de voir le kitch de la couverture rose bonbon bordée de licorne que branle sauvagement une femme volumineuse, pour comprendre que l’album ne se prend pas au sérieux. Attention, parfois le too much est un peu indigeste.

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