Titre : Lénine a marché sur la lune
Auteur : Michel Eltchaninoff
Editions : Actes Sud
Date de parution : 12 janvier 2022
Genre : Histoire, philosophie
Rédacteur en chef à Philosophie Magazine, auteur de nombreux ouvrages sur la Russie, Michel Eltchaninoff revient dans Lénine a marché sur la lune sur l’aventure des cosmistes russes, un courant de pensée peu connu en Occident mais qui a modelé le siècle soviétique et est revenu à l’avant-plan grâce à la philosophie transhumaniste.
Lorsqu’on évoque la période soviétique, il ne nous vient pas à l’esprit d’autre courant de pensée que celle façonnée par Marx ou Lénine. Chaque ville possédait sa rue, son institut et ses statues à leur gloire, Lénine ayant eu le privilège – macabre ? – d’être embaumé comme un pharaon. Pourtant, à la lecture du passionnant ouvrage de Michel Eltchaninoff, on comprend que sous ce glacis philosophique se cache une multitude d’influences qui remonte pour certaines à la seconde moitié du 19ème siècle.
Ainsi, des idées comme repousser la mort, libérer la puissance de l’esprit, manipuler les phénomènes atmosphériques, créer le vivant ou coloniser le cosmos, des idées en phase avec la création d’un homme nouveau, propre à la doctrine soviétique, proviennent des réflexions de penseurs et scientifiques comme Fiodorov, Vernadski ou Tsiolkovski. Des individus qui ont encore une influence aujourd’hui en Russie et dans le monde, Tsiolkoski étant toujours largement commémoré à l’heure actuelle pour sa contribution au programme spatial russe, et le courant cosmiste étant une des sources principales de la pensée transhumaniste, en vogue auprès des magnats de la Silicon Valley.
A travers l’évocation de la vie de ses hommes, l’auteur tisse le fil conducteur de ce courant de pensée et nous montre à quel point il a réussi à influencer la société, non seulement en Russie, mais aussi en Amérique. On pourrait y voir l’œuvre de penseurs farfelus – l’idée de faire renaître les morts semble plus proche d’un film de série Z que de thèmes discutés dans les universités – néanmoins il serait dommage de réfuter en bloc toute cette philosophie, l’histoire nous ayant appris que l’homme s’est toujours senti supérieur à toutes les autres créatures peuplant ce monde.