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    « Contes du chat noir », l’humour de la Belle Époque, ou quand la gaieté cache la cruauté

    Titre : Contes du chat noir
    Auteurs : Collectif
    Editions : Folio
    Date de parution : 21 octobre 2021
    Genre : Contes, anthologie

    Cette anthologie résume en 106 textes et 32 illustrations l’esprit bouillonnant, inventif et multicolore du journal Le Chat Noir, publié entre 1882 et 1897.

    En 1882, la liberté de la presse connaît un nouvel essor en France depuis un an, et les nouvelles lois supprimant le délit d’opinion. Nous sommes en plein ce qu’on appellera plus tard la Belle Époque, marquée entre autres par la défaite face à la Prusse en 1870, la répression de la Commune de Paris, les attentats anarchistes et le déchirement de l’opinion autour de l’affaire Dreyfus. C’est en 1882 que Rodolphe Salis, propriétaire du cabaret du même nom, crée le journal du Chat Noir.

    Noir, comme l’humour qui règne sur les 810 numéros de l’hebdomadaire entre 1882 et 1897, où les auteurs rivalisent de cruauté en faisant rire du meurtre, de la misère, la maladie, la violence, l’exploitation de l’homme par l’homme et le progrès qui déshumanise.

    Cet « organe des intérêts de Montmartre » accueille alors, dans une éruption d’anticonformisme, de fantaisie lugubre et de férocité joyeuse, un grand nombre d’auteurs et illustrateurs aux styles variés, comme Léon Bloy, Charles Cros, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Lautréamont, Caran d’Ache, et surtout Alphonse Allais, avec qui débute et finit ce livre. Esprit le plus emblématique du Chat Noir, à l’aise dans tous les genres, il marquera des générations d’humoristes (Raymond Devos, Jean Yanne et Pierre Desproges, entre autres, lui doivent beaucoup). Encore plus inclassable que les autres, il se permet tout, y compris de signer ses contes Émile Zola ou Francisque Sarcey, journaliste célèbre de l’époque.

    Les contes et illustrations du Chat Noir sont peuplés d’excentriques, de fous, d’assassins, de simples d’esprits et d’escrocs. Le pessimisme, le cruel, le morbide et le surnaturel sont traversés par la légèreté, où surgissent le burlesque et la cocasserie. Parfois, au contraire, un récit raconté sur un ton plaisant, qui paraît d’abord innocent, bascule brusquement dans le macabre.

    On rit avec le bourreau découvrant qu’il vient d’exécuter son père, le jeune chimiste qui propose de transformer les défunts en feux d’artifice (d’où l’expression « feu Machin » pour parler d’une personne disparue), l’amant qui se tranche le ventre pour réchauffer sa maîtresse avec ses entrailles, le couple qui se dispute et finir par s’allier pour tuer celui qui s’interpose pour les réconcilier.

    En plus des textes et illustrations, le livre retrace l’histoire du journal et nous plonge dans cette période troublante. Attention : ouvrir ce livre vous immergera dans cette société à deux faces, à la fois florissante et brutale, de la Belle Époque.

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