À seulement une trentaine de kilomètres de Bruxelles, Malines offre plusieurs lieux culturels et historiques de grand intérêt. La Kazerne Dossin, à la fois musée, mémorial, et centre de documentation, en est un bon exemple. Universal Human Rights, la nouvelle exposition temporaire consacrée à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, fournit une bonne occasion de (re)découvrir ce lieu de mémoire unique en Belgique.
Une nouvelle exposition sur les droits humains
Intitulée Universal Human Rights, la nouvelle exposition de la Kazerne Dossin s’est ouverte le 10 février 2022. Elle rappelle les racines historiques de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par les Nations-Unies au sortir de la Seconde guerre mondiale tout en soulignant son actualité. Organisée en trois parties sur deux étages (le rez-de-chaussée et le sous-sol du musée), l’expo, très didactique, explore chacune des grandes catégories de droits humains (physiques, politiques, sociaux, religieux, économiques, etc.) avec des exemples concrets, souvent tirés de l’histoire récente.
Le parcours se prête particulièrement bien aux visites scolaires et en famille pour les jeunes à partir de 13 ans, avec des textes courts en trois langues (néerlandais, français et anglais), de grands écrans tactiles, des extraits sonores et vidéo. Le nombre d’objets et d’archives étant limité et le contenu somme tout assez classique, le prix du ticket d’entrée paraîtra un peu excessif à certains (10 euros au tarif plein), mais cela vaut la peine d’opter pour un billet « combi » permettant de visiter par la même occasion la collection permanente du musée, accessible aux étages supérieurs pour seulement 6 euros de plus.
Un lieu de mémoire
La Kazerne Dossin est en effet un lieu de mémoire incontournable pour comprendre l’Holocauste et le traumatisme de la Seconde guerre mondiale en Belgique. Le mémorial attenant au musée est implanté dans l’ancienne caserne militaire à partir de laquelle 25 490 Juifs et 353 Roms furent déportés de 1942 à 1945. La grande majorité d’entre eux, envoyés à Auschwitz, n’ont pas survécu. Le mur des déportés, composés des portraits de chacun de ces hommes et femmes victimes de la barbarie nazie, est un élément central de la visite. Grâce à un écran tactile, le visiteur peut choisir une photo au hasard et découvrir la « carte d’identité » de la personne concernée : son âge, sa profession, la ville dont elle est originaire, et si elle a survécu à la déportation.
Le parcours combine ensuite des mises en contexte historique très complètes et des témoignages individuels de survivants, mettant en avant la dimension humaine du conflit et favorisant une identification forte du visiteur. La responsabilité des collaborateurs est abordée sans tabou, y compris la responsabilité particulière de la Flandre. L’exposition met en avant les choix qui s’offraient alors aux individus face à la dure réalité de l’occupation et de la guerre. Le refus des bourgmestres bruxellois et liégeois d’impliquer l’administration communale dans l’imposition du port de l’étoile jaune est ainsi contrastée à l’attitude bien plus conciliante des bourgmestres d’Anvers et de Charleroi. À côté des images insoutenables des tortures infligées aux déportés et du gazage des détenus dans les camps de concentration, quelques témoignages d’humanité et de solidarité rappellent le pouvoir des actes de résistance individuels, comme par exemple à travers la carte de Belgique des enfants « cachés ». Celle-ci montre le nombre de familles souvent restées anonymes qui, à travers le pays, ont pris des risques considérables pour sauver des enfants juifs de la déportation en les faisant passer pour un des leurs.
Si la visite du musée et du mémorial est éprouvante sur le plan émotionnel, elle offre une piqûre de rappel bien nécessaire sur les dangers des discours de haine et sur notre responsabilité à tous, individuellement et collectivement, face aux abus des droits humains qui persistent dans le monde d’aujourd’hui.
Infos pratiques
- Où ? Kazerne Dossin, Goswin de Stassartstraat 153, 2800 Mechelen (Malines).
- Quand ? Du 10 février au 11 décembre 2022, du jeudi au mardi de 9h à 17h (sauf le weekend où les portes ouvrent à 9h30).
- Combien ? 10 EUR au tarif plein. 16 EUR pour un billet combiné avec la collection permanente. Plusieurs tarifs réduits