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    Ladies with guns, quand les minorités contre-attaquent

    Scénario : Olivier Bocquet
    Dessin : Anlor
    Éditeur : Dargaud
    Sortie : 14 janvier 2022
    Genre : Western

    Abigail, jeune esclave noire dans l’Amérique raciste des cow-boys, s’est échappée. Enfermée dans une cage, elle court pour s’éloigner de nouveaux dangers. Kathleen Parker et Chumani vont tomber sur son chemin. Malgré leur mode de vie profondément différent (une Européenne blanche fraîchement arrivée en Amérique et une amérindienne), elles vont aider Abigail à se sortir de là. Elles seront épaulées dans leur quête par Daisy Mccormick, ancienne professeure et Cassie Coltrane, pourvoyeuse de plaisirs, et ensemble, lutteront contre la violence faite aux femmes dans l’Ouest américain.

    Dans cette relecture féministe des codes du Far-West, les femmes se défendent et rendent les coups. Dans la même veine que Django Unchained, Anlor et Olivier Bocquet souhaitent provoquer une catharsis par la vengeance sur l’Histoire. Dès lors, le scénario, limpide, se déroulera comme on peut s’y attendre, ni plus ni moins : une esclave en fuite, des femmes s’unissant pour l’aider, des hommes sur leur chemin qui auraient mieux fait de passer leur tour. Les faits et idéaux sont clairs, surlignés d’autant plus par des dialogues pas toujours nécessaires.

    Un manque de subtilité?

    Dans ce récit que l’on pourrait qualifier de révisionniste  qui ne nie pas sa nature ouvertement politique, on aurait peut-être pu espérer que les personnages féminins se trouvent de manière plus subtile. Comme si les luttes féministes contemporaines étaient déjà inscrites en elles, certaines rencontres, entre la blanche wasp et l’amérindienne, sont fort gentillettes, et peu crédibles. De même, la prostituée noire qui se dévoile à un moment fortuit semble être un atout scénaristique un peu téléphoné, et une manière de cocher toute les cases de représentation des minorités, comme dans les (mauvaises) séries américaines.

    Dans Ladies with guns, la gent féminine se rebelle, dans une lutte fictionnelle d’antan pour recréer un esprit de sororité contemporain. Cependant, les différentes expériences de vie ne sont pas niées. Malgré le fait qu’elles soient nées femmes dans un monde fait par et pour les hommes, elles-mêmes ne sont pas égales dans leur lutte. Une femme blanche ne sera pas enfermée de la même manière qu’une noire, leurs corps ne seront pas considérés pareillement (comme le montre la découverte des coups de fouets sur le dos d’Abigail), et ne sont pas sur la même échelle d’exploitation.

    On pourrait reprocher aux auteurs de ne pas avoir assez confiance au pouvoir graphique de leur univers. Le rendu coloré est magnifique, et même si le dessin en mouvement manque de tension et que les scènes d’action sont un peu tarabiscotées, l’atmosphère imaginaire du Far-West est bien présente dans la BD. Pourquoi dès lors avoir voulu encombrer le scénario de dialogues bien trop explicatifs, et pour tout dire, très souvent pauvres et inutiles ? On comprend très vite, visuellement, l’expérience humaine dans laquelle sont encagées ces femmes, notamment à travers les flash-backs s’interposant dans le récit principal.

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