Ecrit par Jeff Baron, adapté par Thomas Joussier et mis en scène par Thibault Nève, avec Benoît Van Dorslaer et Thibault Packeu. Du 11 novembre au 31 décembre 2021 au Théâtre Le Public.
On ne ressort pas de Visite à Mister Green avec indifférence. Interrogations et réflexions se bousculent dans les esprits parce que non, la pièce de Jeff Baron n’est pas qu’une simple histoire de rencontre intergénérationnelle. Visite à Mister Green, c’est assister au tissage rugueux d’une relation dans laquelle se nouent des thèmes essentiels comme le deuil, la discrimination ou encore l’influence des dogmes. Mais Visite à Mister Green, c’est aussi la richesse du rapport à l’autre et le pouvoir du dialogue.
Mister Green, homme reclus, se voit imposer la visite hebdomadaire d’un jeune new yorkais dont il aurait préféré se passer. Il faut dire que sa pensée est partagée, Ross Gardiner se serait bien libéré de cette corvée d’intérêt général émanant du juge pour avoir évité de justesse de renverser le vieil acariâtre. De cette contrainte naît pourtant une relation, timidement désirée puis cultivée par les deux hommes. Entre confrontation et accointance, ces rencontres font sauter les barrages de chacun pour amener remous et cascades dans leur vie tranquille.
Pour développer ce lien avec finesse et intelligence, le spectateur peut compter sur l’expérience de Benoît Van Dorslaer (Mister Green) et l’énergie de Thibault Packeu, sous l’œil avisé de Thibaut Nève. Justesse et authenticité sont les maîtres mots pour décrire la prestation de ce duo. Autant le langage verbal que le non verbal expriment avec force la complexité des personnages, leur histoire et leur évolution. Si certaines réserves peuvent être émises sur quelques détails de mise en scène, des félicitations s’imposent en revanche, et tout particulièrement, à Benoît Van Dorslaer pour son interprétation magistrale de Mister Green.
Côté scénographie, le choix de la petite salle du Théâtre le Public n’est pas fortuit. L’intimité de la pièce, ajoutée à l’ingénieux travail de décor réalisé sur les espaces, permet au spectateur de se croire un instant dans le salon de ce vieil appartement new yorkais. Par un jeu habile de murs pivotants, la scène s’ouvre et se ferme au rythme de cette relation tumultueuse.
Après une heure trente de voyage émotionnel, on quitte ce duo avec le cœur gros et l’esprit aussi encombré que le salon de Mister Green. Deux histoires bouleversantes pour une rencontre lumineuse et un espoir de retour à la vie.