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    « Sandremonde », ou le premier roman d’un passionné de fantasy

    Titre : Sandremonde
    Auteur : Jean-Luc Deparis
    Editions : Babel
    Date de parution : 6 octobre 2021
    Genre : Fantasy

    Sandremonde est le premier roman de Jean-Luc Deparis, quarante-neuf ans, banquier, passionné de fantasy. Gardez ça en tête avant de vous plonger dans cette lecture.

    Elyz-Ana, enfant à la peau sombre et aux cheveux blancs, sans souvenirs, est la protagoniste de cette histoire et se retrouve pourchassée par l’Église car elle est différente et ressemble comme deux gouttes d’eau aux Shaël-Faars, créatures disparues depuis longtemps et dont le peuple a peur.

    Ce récit nous offre les éléments habituels d’un roman de fantasy basé sur le concept de l’élue : l’isolement et la fuite, l’apprentissage d’un art meurtrier, la découverte des véritables origines, l’apparition de capacités surnaturelles, la recherche de l’objet sacré et le cheminement messianique. La fuite ? Pourchassée par l’Église, Elyz-Ana n’a d’autres choix que de se cacher pour éviter d’être exécutée. L’apprentissage d’un art meurtrier ? Elle finit par rencontrer un autre groupe de rejetés de la société, appelés les Intouchables. Ceux-ci vont lui apprendre le métier de sicaire, mercenaire de jadis. La découverte de ses origines ? Après avoir été formée, l’héroïne reçoit un nouveau nom, l’Ombre, et doit à nouveau fuir car son repère est saccagé et les siens sont tués ou emprisonnés. Ce faisant, elle va enfin rencontrer un personnage comme elle, un Shaël-Faar. Il va l’emmener sur les terres de son enfance et lui apprendre l’histoire de son peuple. L’apparition de ses capacités surnaturelles ? Après une seconde expérience à frôler la mort, elle rencontre les forces supérieures qui lui annoncent qu’elle a un objectif, un but à son existence. La recherche de l’objet sacré ? Pour accomplir son destin, la protagoniste doit retrouver le Golmédian, objet sacré volé par l’Église. Le cheminement messianique ? Elyz-Ana est officiellement l’élue, reconnue par son peuple qui la suit aveuglément.

    En plus de ces éléments redondants – car bien connus des passionnés de fantasy -, Sandremonde souffre d’une intrigue à l’installation très longue. Il faut plus de 230 pages (sur les 600 totales) pour finir la visite des différents lieux et pour que l’héroïne découvre qu’elle n’est pas (on s’en doutait) la dernière représentante de son peuple. Précisons malgré tout qu’une certaine imagination est déployée par l’auteur car le lecteur est invité dans un monde riche et bien développé, que ce soit géographiquement ou politiquement. Le contenant est recherché, mais le contenu n’est pas suffisamment poussé et original.

    Un univers intéressant, mais des personnalités peu développées. On ne reçoit que peu d’informations sur chaque protagoniste, à part Elyz-Ana. Et encore, elle semble n’être qu’un personnage-objet, uniquement présente pour suivre une destinée toute tracée, sans véritable épreuve. Par deux – voire trois – fois, elle est à l’article de la mort et finit sauvée par les dieux, deus ex machina littéral. Elle ne paraît pas avoir un fond réel, une personnalité en dehors de son objectif. Elle est même complètement dévorée par son but, par la présence de Gwendhel, cette divinité pour laquelle elle agit. Durant sa jeunesse, elle découvre le livre sacré, Kalath-Ka, et va l’étudier pendant plusieurs années, au point de le connaître par cœur… Et d’en débiter des passages, à plusieurs reprises, dans le roman.

    On sent donc que Jean-Luc Deparis est un passionné, et qu’en tant que passionné il a tenu à insérer dans son intrigue un maximum d’éléments de fantasy, d’où la lourdeur de celui-ci. En plus de tout cela, il a voulu ajouter une romance entre l’élue et l’un de ses adeptes, mais celle-ci n’a pas de fond. Aucune complicité n’est présente entre les deux protagonistes, aucune explication, aucun prémices. Cette relation n’est pas nécessaire, mais, sans celle-ci, l’auteur a sans doute cru que son récit ne serait pas complet. En effet, elle n’apparaît qu’à la fin de l’histoire, comme un dernier élément qu’on avait peur d’oublier.

    Nous sommes donc face à un ouvrage plein de potentiel, mais où le romancier a voulu en faire trop pour un premier jet. Un univers bourré de références où on ne perçoit pas réellement l’apport de Jean-Luc Deparis au milieu de celles-ci.

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