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    Une exposition sur les zoos humains à voir à l’AfricaMuseum

    Zoo humain, au temps des exhibitions coloniales

    L’AfricaMuseum accueille l’exposition Zoo humain, au temps des exhibitions coloniales jusqu’en mars 2022, à l’occasion des 125 ans de l’exposition coloniale de Tervuren. D’après son concepteur, l’historien français Pascal Blanchard, spécialiste de la question coloniale, de l’immigration et des enjeux postcoloniaux, les zoos humains ont forgé un imaginaire entre sauvages et civilisés qui a joué un rôle clé dans l’histoire coloniale en légitimant les empires coloniaux auprès des opinions publiques. Les zoos humains auraient donc servi à légitimer le racisme en Occident. Mais de quoi s’agit-il plus précisément ?

    L’exposition Zoo humain, au temps des exhibitions coloniales a initialement été développée au Musée du Quai Branly à Paris. Elle retrace l’histoire de personnes exhibées comme des objets d’exposition vivants.  Au sein de l’AfricaMuseum, les commissaires de l’exposition ont eu à cœur de replacer le sujet dans le cadre de son époque et de montrer comment la pratique s’était répandue de par le monde. Ces expositions avaient attiré beaucoup de spectateurs des années 1880 jusqu’aux indépendances coloniales (plus d’un milliard et demi de visiteurs au total), notamment sous l’influence du spectacle de Buffalo Bill créé aux Etats-Unis pour conter le récit de la construction de la nation américaine et le mode de vie des indiens d’Amérique. Un accent important est mis sur la présence des expositions anthropologiques en France et sur les villages congolais qui ont été exposés à Tervuren (1897), mais aussi à Anvers (1885 et 1894), Liège (1905) ou Bruxelles (1958).

    Offrir un spectacle

    © M. Watson

    L’exposition regroupe des supports écrits et audiovisuels et intègre le travail de deux artistes issus de la diaspora, Teddy Mazina et Roméo Mivekannin. Les expositions anthropologiques ou ethnographiques, termes utilisés au moment de leur présentation au public, sont maintenant appréhendées sous le concept de zoo humain par les historiens depuis les années 1980 en ce qu’elles ont représenté l’autre comme inférieur. Alors qu’initialement, les personnes exhibées ne l’étaient pas par choix, au fur et à mesure que la popularité de ces expositions a grandi, les impresarios en ont fait des spectacles avec un chef de village rémunéré et chargé d’assurer l’enthousiasme de sa troupe à donner au public ce qu’il attend ou fantasme.

    Pour nos ancêtres, ces expositions ont été l’occasion de découvrir un autre fantasmé et dépeint comme inférieur tout en faisant un staycation avant l’heure où l’on va voir l’autre dans son biotope reconstitué. Les zoos humains ont rencontré une demande de connaître le monde et une offre culturelle en expansion, avec des lieux de culture et des expositions internationales. Les expositions étaient payantes pour les visiteurs, et il fallait donc attirer le visiteur avec un mêlant de freak et d’exotisme, en forçant le trait.  La corporalité va faire partie de l’attrait, notamment avec des femmes dénudées (faisant contraste avec les Européennes).

    Décoloniser les imaginaires

    © M. Watson

    À partir des années 1950, les zoos humains ne font plus recette, principalement pour trois raisons : les guerres ont fait se côtoyer natifs et indigènes sur les champs de bataille créant une certaine camaraderie, des critiques émergent sur cette fabrication du regard porté sur l’autre, et le cinéma est en plein essor.

    Beaucoup de cultures ont été présentées lors de telles expositions, chacune avec des références bien spécifiques induisant une certaine hiérarchie des races. Selon Pascal Blanchard, « il faut autant de temps pour décoloniser les imaginaires qu’à les coloniser ».

    L’exposition se termine par un espace de réflexion et de dialogue, dans laquelle des phrases assimilées à des « micro-agressions » sont reprises sur un mur.  Le terme micro-agression est utilisé pour désigner des comportements ou des propos, d’apparence banale, envers une communauté et qui sont perçus comme péjoratifs ou insultants. Le jour de la conférence de presse d’ouverture, un débat s’est ainsi ouvert sur la distinction à faire entre esclavage et traite négrière.

    Regarder la réalité en face

    L’AfricaMuseum accompagne l’exposition d’une programmation avec des visites guidées notamment pour les écoles, des conférences sur la (dé)colonisation et l’antiracisme et des partenariats avec des personnes issues de la diaspora congolaise. Selon Thomas Dermine, Secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, adjoint au Ministre de l’Economie et du Travail, à l’heure où de nombreuses questions se posent sur le rôle de l’AfricaMuseum et de l’acquisitions la Belgique souhaite « regarder la réalité en face, sans tabous » et « questionner le passé pour construire le futur de la relation entre la Belgique/L’Europe et l’Afrique ». L’exposition fait partie intégrante du devoir d’inventaire qu’a ouvert la Belgique notamment avec le rapport des experts de la Commission spéciale chargée d’examiner l’Etat indépendant du Congo et le passé colonial de la Belgique au Congo, au Rwanda et au Burundi, ses conséquences et les suites qu’il convient d’y réserver.

    L’exposition Zoo humain, au temps des exhibitions coloniales plaira à toute personne intéressée par les enjeux historiques et actuels des temps coloniaux.

    Infos pratiques

    • Où ? AfricaMuseum, Leuvensesteenweg 13, 3080 Tervuren.
    • Quand ? Du 9 novembre 2021 au 6 mars 2022, tous les jours sauf le lundi de 10 à 17h et le weekend de 10 h à 18 h.
    • Combien ? 12 EUR au tarif plein. Plusieurs tarifs réduits disponibles.

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