Beauty waters
de Kyung-Hun Cho
Thriller d’animation
Présenté dans le cadre du festival du film coréen 2021
Présenté dans le cadre du 9ème festival du film coréen après avoir reçu une critique largement positive lors du festival ANIMA, Beauty waters est long métrage d’animation coréen réalisé par Kyung-Hun Cho, basé sur le webtoon éponyme. Il nous interroge sur la superficialité de notre monde et de nos rapports avec les autres, alors que les critères de beauté et de succès véhiculés par les réseaux sociaux et la société de consommation en général nous éloignent des valeurs morales traditionnelles.
Yaeji, une jeune femme obèse, découvre par hasard un produit de beauté pas comme les autres. Il suffit de l’appliquer sur la peau pour remodeler son corps et son visage selon ses désirs. Yaeji va ainsi pouvoir exaucer son vœu le plus cher : devenir la plus belle des femmes. Mais la beauté a un prix qu’elle va payer cher…
Thriller horrifique
Si certains pensent encore que le film d’animation est destiné uniquement aux enfants, la vision de Beauty waters devrait leur faire changer d’avis. Car c’est à une véritable descente aux enfers à laquelle on assiste dans ce film qui ne fait aucune concession sur les scènes gore et horrifiques pour faire passer son propos. Si l’on use parfois de métaphores pour faire passer un message, celles utilisées par Kyung-Hun Cho se marquent directement dans la chair des différents protagonistes.
Film déstabilisant par le caractère très cru de certaines scènes, Beauty waters pose néanmoins des questions fondamentales sur le culte de la beauté et de l’argent et sur ce besoin de perfection qui sont devenus les nouveaux commandements d’une société qui perd peu à peu ses repères. Que l’on pense aux millions de personnes victimes de problèmes d’estime de soi, de troubles digestifs et autres symptômes relevant un mal-être qui les pousse parfois au suicide, torturé par l’idée qu’ils ne pourront jamais égaler un modèle de perfection qui dans la réalité n’existe pas. Que l’on s’interroge sur la valeur centrale prise par l’argent, nouvel étalon pour mesurer le succès ou l’échec de toute entreprise…
Le film pousse bien entendu tous les curseurs au maximum afin de mieux faire passer son message, mais si l’on enlève les scènes trop sanglantes pour garder uniquement les métaphores, on réalise que Beauty waters révèle plus sur le monde contemporain que ce que l’on voudrait bien s’avouer.