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    L’intranquille, un album aux couleurs de l’insoumission

    Scénario : Joseph Kai
    Dessin : Joseph Kai
    Éditeur : Dargaud
    Sortie : 29 septembre 2021
    Genre : Roman graphique

    Samar: Joseph Kai donne à son personnage un prénom mixte, comme appuyant, d’emblée, son refus d’une conception binaire du genre. Samar réalise des bande dessinées dans le silence de sa chambre, uniquement troublé par la sonnerie du téléphone qui lui annonce les messages d’un homme qui le drague. Il déambule dans les rues de Beyrouth, militant pour les droits de la communauté LGBTQA+, se dressant contre la corruption et l’homophobie qui gangrène son pays.

    Trouver sa place

    Dans ce récit fictif aux inspirations autobiographiques, Joseph Kai dévoile les peurs d’une communauté qui ne trouve pas sa place dans la politique libanaise. Des personnes qui cherchent à construire leur propre identité, en refusant le diktat des normes. Présenté sur la couverture de trois-quart et le sexe caché sous un drap, la position de Samar rappelle celle des muses peintes durant la renaissance. En utilisant une image populaire de la féminité, Joseph Kai amorce une réflexion sur les stéréotypes. Car pour mieux les dénoncer, l’album énumère les préjugés. L’intranquille dévoile le lot quotidien de paroles auxquelles se heurtent les marginaux. « Si tu es un artiste, homosexuel qui plus est, tu as forcément une sexualité débridée » affirme ceux dont Samar croise la route.

    L’intranquille est ambivalent. La douceur des tons rosés et orangés paraît suspecte, parfois cauchemardesque. Sur la palette, la couleur de la fragilité se mélange à celle du danger. Une menace plane et se cache dans la délicatesse du trait. Faisant se répondre rêves et réalité, l’auteur nous plonge dans un univers parallèle de corps turquoises et d’immeubles violets. On suppose que les faits sont avérés et pourtant tout nous pousse à croire que ce monde est difforme, irréel, imperceptible. Les personnages, aux traits tantôt humains, deviennent par moments cartoonesques. Le temps est figé dans les rues de Beyrouth. Par le dessin, Joseph Kai nous livre une ville engloutie, fondant sous le poids de la chaleur et de l’intolérance.

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