De et mis en scène par Anne-Cécile Vandalem, avec Philippe Grand’Henry, Laurent Caron, Zoé Kovacs, Épona Guillaume, Arnaud Botman . Du 7 au 14 octobre 2021 au Théâtre National.
Une famille quitte l’Europe pour s’installer dans le taïga russe, vivre en pleine nature, s’éloigner du monde et des Hommes. L’exil et ses conséquences, la connexion au cycle naturel et à ses obligations, ce sont là les thématiques premières abordées dans Kingdom.
L’histoire d’un royaume bâti par le rêve d’un homme, patriarche désillusionné par le monde moderne, résolu à offrir un nouveau souffle à sa famille.
Grâce à son décor bien conçu et à sa sonorisation live – deux musiciens assurent l’animation de la pièce – c’est une atmosphère organique qui se distille aux sens des spectateurs.
On vibre au son et au mouvement d’une tribu qui tente de maintenir, suspendues et fortes, l’aspiration et la quête : survivre à la crainte viscérale que tout s’écoule et tenter de conserver intact le rêve. Car c’est aussi le récit de ces voisins qui sont venus s’installer à proximité directe, de l’autre côté de la barrière. Ceux qui sont si proches mais si loin de la famille et de ses valeurs.
La force principale de cette pièce, c’est son audace car deux cameramen s’invitent comme une entrée en matière, offrant une opportunité idéale à la création hybride. Entre jeu de scène et face caméra, les comédiens évoluent sur un double plan, ce qui a l’avantage non négligeable de ventiler la prestation et de donner de la substance à la mise en scène.
Kingdom est donc une expérience scénique innovante, une création originale et vibrante qui donne à réfléchir sur le rapport que l’humain entretient avec son environnement, quelle place il a à jouer et s’il est possible de vivre pleinement coupé des autres. Car la thématique envisage la beauté comme la perte, sans manichéisme et selon un rythme bien mené.
Un sujet qui tend au débat de société, une piste à l’intrigue pertinente et teintée de poésie douce qui vous poussera à la réflexion.
