Le grand festival artistique Europalia, mettant habituellement un pays à l’honneur, met cette année le train et l’univers ferroviaire en avant du 15 octobre 2021 au 13 février 2022. Un programme multidisciplinaire mêle les grands maîtres de la peinture à l’art contemporain et aux performances scéniques, au sein des musées, mais également dans les gares et trains. Point d’orgue du festival, l’exposition Voies de la modernité aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) offre une incursion dans l’univers de la peinture dédiée aux chemins de fer, entre attraction, peur et nouveaux paysages.
Les plus de 120 œuvres regroupées pour Voies de la modernité incluent des artistes majeurs tels que Monet, Mondrian, Magritte ou encore De Chirico. L’exposition donne un large aperçu de la façon dont le train a influencé la peinture et les arts visuels depuis sa création dans les années 1830. Symbole de modernité tombé en désuétude au milieu du XXe siècle et maintenant porteur d’espoir dans la lutte contre le changement climatique, le train a modifié la société en profondeur en bouleversant le rapport à l’espace et au temps. C’est particulièrement le cas en Belgique, pays qui possède le réseau ferroviaire le plus dense au monde. Voies de la modernité fait la part belle aux trains à vapeur qui ont su captiver l’imaginaire des impressionnistes. Marie-Eve Tesch, coordinatrice Europalia et commissaire de l’exposition, résume ainsi la fascination qu’a exercé le train sur l’imaginaire artistique : « Faisant le grand écart entre brutalité et poésie, le train s’est fait une place dans l’histoire de l’art ».
Le train comme symbole de puissance au masculin
L’exposition inclut également une partie dédiée à la place du train dans les films et la photographie. Souvent utilisé comme symbole de modernité et puissance, le train a ainsi été représenté comme parabole phallique dans le cinéma. Le film La mort aux trousses par exemple juxtapose un moment où Cary Grant et Eva Marie Saint s’allongent alors que le train entre dans le tunnel. D’ailleurs, la visite de l’exposition illustre à quel point le train a longtemps eu plus d’attrait pour les artistes masculins. Seules deux artistes féminines sont ici représentées : Marianne Stokes avec le tableau Le Train qui passe (1893) et Fiona Tan avec une installation d’un village miniature 1to87 (2014).
Pour toute la famille et en particulier les plus petits, le Musée a mis en place un parcours loco-créatif au sein de l’exposition sur la base de devinettes et d’actions à réaliser, ainsi que quatre workshops où les visiteurs peuvent laisser leur créativité s’exprimer. Une expérience de réalité virtuelle – Delirious Departures – est également proposée.
Vers un musée plus ouvert ?
Europalia fait une place au rôle du train dans deux périodes sombres de l’histoire : la colonisation et l’exploitation du Congo, et la Shoah (Joseph Steib, Le Conquérant, 1942). Pour sa réouverture complète, les MRBAB accueillent aussi deux artistes issus de la diversité : Rachel Labastie et Aimé Mpane. Aimé Mpane, premier artiste congolais à y être exposé, présente des œuvres joyeuses au premier regard, tout en invitant le visiteur à réfléchir sur leur caractère multi-facette. Faites de couleurs et tout en subtilité, elles sont à double face et empreintes de dérision. L’artiste se veut homme de dialogue et réconciliation et prône le « respect mutuel ».
Michel Draguet, Directeur-Général des MRBAB et commissaire de l’exposition, rappelle la nécessité de redéfinir les valeurs du musée dans un contexte de « fragmentation des identités et de contextualisation ». Sa volonté est de rendre le musée plus ouvert et technologique. Le public est ainsi invité à partager son opinion sur les missions et valeurs des Musées royaux à travers les réseaux sociaux (@FineArtsBelgium #MuseumInQuestions), en répondant aux questions soulevées par les artistes contemporains.
Europalia hors les murs des musées et espaces d’art
Au-delà des nombreuses activités proposées par les MRBAB et institutions partenaires telles que Train World (où l’on pourra visiter deux compartiments du mystique Orient Express), Europalia a à cœur cette année de se rapprocher d’un plus large public en allant à sa rencontre dans les trains et les gares. Le parcours d’art Endless Express, regroupant les installations de sept artistes, aura lieu dans les gares et sur le long de la ligne de chemin de fer reliant Ostende à Eupen. La gare d’Anvers servira d’écrin à la structure Résonance de Germaine Kruip. Entre le 25 et 29 octobre 2021, les navetteurs et touristes de la gare d’Ostende auront droit à une performance chorégraphique intitulée Derailed avec quatre danseurs et un musicien. Mohamed Toubakri investira lui aussi de nombreuses gares avec des performances mêlant rap, light painting et graffiti. Au final, ce sont plus de 70 projets artistiques qui sont proposés par Europalia pour mieux comprendre l’impact du train sur la société alors même que celui-ci continue de jouer un rôle de premier plan, notamment dans la transition vers une économie décarbonnée.
Infos pratiques sur l’expo Voies de la modernité
- Où ? Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 3 rue de la Régence, 1000 Bruxelles.
- Quand ? Du 15 octobre 2021 au 13 février 2022 tous les jours sauf le lundi. De 10h à 17 du mardi au vendredi et de 11h à 18h le weekend.
- Combien ? 17 EUR au tarif plein. Plusieurs tarifs réduits disponibles.
 est le point d’orgue du festival Europalia 2021.){kind=link}