Respect
de Liesl Tommy
Biopic, Musical
Avec Jennifer Hudson, Forest Whitaker, Marlon Wayans
Sorti le 8 septembre 2021
Tandis que la mode des biopics resurgit doucement suite au succès de Bohemian Rhapsody et de Rocketman, c’est aujourd’hui au tour d’Aretha Franklin de se voir consacrer un long métrage, moins d’un an après la sortie du mythique concert Amazing Grace.
Centré sur la vie et la carrière de l’artiste entre 1952 et 1972, Respect dresse le portrait de la Queen of Soul de son enfance jusqu’à l’enregistrement de l’album live Amazing Grace.
Fille d’un pasteur influent, Aretha Franklin baignera très tôt dans le Gospel et fréquentera quantité d’artistes majeurs de la scène afro-américaine comme Dinah Washington, Ella Fitzgerald ou Duke Ellington. Ces rencontres orienteront rapidement une carrière artistique qui trouvera un premier aboutissement en 1956 avec la sortie de l’album Songs of Faith, enregistré à l’âge de quatorze ans.
Cette enfance sensiblement paisible sera néanmoins troublée par la mort de sa mère en mars 1952, ainsi que par la naissance de son premier enfant en 1955 alors qu’Aretha n’avait que douze ans.
Respect possède ainsi tous les éléments permettant de donner naissance à un biopic dans les règles de l’art. Et d’entrée, la réalisatrice Liesl Tommy installera une atmosphère bouillonnante, musicale et énergétique dans laquelle le spectateur se plongera sans hésiter ! Ce faisant, le film n’oubliera pas d’installer ses personnages, notamment Clarence Franklin, le père d’Aretha – magnifiquement interprété par un Forest Whitaker oscillant souvent entre la figure paternelle stable et le manager possessif.
Néanmoins, une fois passé ce stade, le film retombera doucement pour tendre vers un certain classicisme, se rapprochant alors d’autres biopics du genre comme l’excellent Tina (Brian Gibson, 1993) consacré à Tina Turner, ou le moins bon Nina (Cynthia Mort, 2016), centré sur Nina Simone. Dès lors, à quelques séquences près, Respect s’avérera relativement convenu et similaire à plusieurs de ses prédécesseurs.
Dans cette optique, on aura parfois l’impression de voir un décalque de Bohemian Rhapsody, notamment dans les scènes où l’artiste donnera naissance aux titres « I never loved a man (The way I love you) » et « Respect ». Cet étrange sentiment interviendra encore à la fin du film qui se terminera sur l’enregistrement du concert Amazing Grace, comme Bohemian Rhapsody se terminait sur le Live Aid.
Ce manque d’originalité dans le scénario et la mise en scène mèneront alors le film vers un léger essoufflement qu’il eut été possible d’éviter, tant la vie d’Aretha Franklin était riche – ne serait-ce que dans le rapport que celle-ci entretenait avec le Gospel et la religion en général, qui la démarque de nombreux autres artistes de sa génération.
On appréciera cependant la justesse du jeu d’actrice de Jennifer Hudson et du reste des comédiens. Néanmoins, les quelques réelles qualités du film ne permettront pas de faire oublier le manque d’originalité de l’ensemble. Ainsi, en découle un film intéressant mais qui ne risque probablement pas de marquer les esprits.