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    [Avignon OFF 2021] Je hurle au Théâtre 11

    D’Eric Domenicone, avec les textes de Magali Mougel, Mirman Baheer. Interprété par Yseult Welschinger, Faustine Lancel, Jérôme Fohrer, Najiba Sharif. Au Théâtre 11 à 13h05 du 7 au 29 juillet (relâches les 12, 19, 26 juillet)

    Sur notre siège, face à la scène, nous sommes loin d’imaginer ce que peuvent vivre les femmes afghanes face à la domination masculine, prisonnières de traditions qui cadenassent leurs paroles, leurs pensées et leurs ambitions. Pourtant, ce spectacle va nous permettre de voir la réalité, de découvrir comment certaines d’entre elles ont réussi à braver leur asservissement.

    Deux comédiennes-marionnettistes, Yseult Welschinger et Faustine Lancel, vont faire vivre les témoignages de ces héroïnes, elles vont porter leurs voix. Celles-ci ont été enregistrées durant des interviews téléphoniques par une radio de Kaboul organisée par le Mirman Baheer qui est le plus grand cercle littéraire féminin d’Afghanistan. La force et les armes de ces femmes, c’est la poésie pachtoune, appelée les landays. Il s’agit de petits textes qui se veulent parodiques de la vie, quelques fois humoristiques, colériques ou simplement beaux.

    C’est l’histoire de la jeune Zarmina qui forme l’étendard de ces révélations. Cette poétesse de 15 ans qui brave l’autorité familiale pour s’exprimer à la radio, par téléphone. Elle expose son amour de la vie, ses pensées et ses envies de liberté par ses poèmes. Elle retrouve le goût à l’existence, une manière d’exprimer ce qu’elle rêve. Mais sa famille découvre cette passion proscrite et lui interdit de continuer. Zarmina n’a comme seul échappatoire de s’immoler par le feu. Son geste est un cri de colère face à cette oppression.

    Nous découvrons toute la dureté de la vie de ces femmes afghanes qui se libèrent par la poésie. Sur scène, on les voit revivre sous forme de marionnettes directement conçues à partir de papiers qui ont servi à nous guider dans les explications de ce monde d’injustice. Et nous voyons ces feuilles danser devant nous, conter leurs tortures quotidiennes de ne pas être considérées comme humaines. Dans un coin, Jérôme Fohrer nous anime par une musique traditionnelle, entrelacée de rythmes contemporains.

    C’est un spectacle documentaire qui ne laisse personne indifférent. On prend une grande baffe de réalité dans la figure qui ne nous laisse pas indemne en sortant de là.

    Christophe Mitrugno
    Christophe Mitrugno
    Journaliste du Suricate Magazine

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