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    « Mandibules », du rire par intraveineuse

    Mandibules
    de Quentin Dupieux
    Comédie, Fantastique
    Avec David Marsais, Grégoire Ludig, Adèle Exarchopoulos
    Sorti le 9 juin 2021

    A bien des égards, on peut dire que 2020 a été une année bien pourrie et que 2021 ne peut qu’être meilleure, déjà, parce qu’elle est placée sous le signe de la vaccination massive mais surtout parce que le dernier Dupieux – initialement prévu le 5 septembre passé –  pourra enfin sortir dans nos salles obscures. Après tout, c’est bien connu, la solution à n’importe quel problème, c’est un bon gros délire à base de mouche géante domesticable, gavée de pâté pour chien. En tout cas, si ce n’est pas le cas, ça aura au moins le mérite de nous faire rire pendant une heure et demi, ce qui est déjà pas mal.

    Oui oui, vous avez bien lu. Une mouche géante. Remarque après Dujardin capable de tuer par amour pour sa veste en daim, le pneu meurtrier et les téléviseurs qui envahissent le monde, on ne s’étonne plus d’être surpris. S’il est vrai que le point commun entre tous les scénarios de l’excentrique réalisateur c’est l’absurde, Mandibules est le premier film à ne plus rire de la morbidité – comme le dit Dupieux lui-même, il se défait de la mort et se tourne vers la vie. Et en images ça donne, un duo de vieux adolescents au look retro-grunge qui galèrent à domestiquer la mouche géante qu’ils ont trouvée dans une voiture abandonnée – future cambrioleuse en chef et hypothétiquement plus performante qu’un drone, rien que ça. Mais la chance semble enfin leur sourire quand nos deux compères, dépités, tractant leur voiture en panne à l’aide d’un vélo licorne, font la rencontre de Cécile, petite bourgeoise en villégiature, et son groupe d’amis.

    Bref, on ne vous en dit pas plus, vous avez compris, c’est du grand Dupieux. Le réalisateur très à la mode – dont le style pourtant unique s’inspire des grands noms du gag comme les frères Farrelly, les Tex Averys, ou encore les Monty Pythons – nous prouve encore une fois que son succès est mérité. On connaît tous les références du genre et on a tous assez vu de buddy movies que pour en déjouer les ficelles mais personne ne fait des scénarios comme Dupieux, tout frais sortis de l’imagination fertile d’un probable joueur de « Et si… ». L’idée est percutante, et pourtant elle ne fait pas tout. Le succès de Dupieux, c’est aussi un casting de premier choix. Ici, on retient particulièrement les lascars du célèbre Palmashow qui se coltinent le rôle des deux nigauds et Adèle Exarchopoulos relevant le défi d’interpréter une jeune femme décérébrée suite à un accident de ski. Des dialogues bien sentis, et des bruitages que le Mr Oizo ne laisse pas au hasard comme le chant des grillons, le ronflement de la bête ou ses bruits de mandibules quand elle lape l’eau de la piscine – et qui d’ailleurs rappellent un peu le rythme de la techno.

    On pourrait dire de Mandibules qu’il est à la fois prévisible et surprenant. Certaines chutes nous font esquisser un sourire de satisfaction – on l’avait vu venir celle-là – et pourtant, c’est aussi jouissif que quand on ne s’y attend pas. S’il fallait vraiment trouver un défaut, on pourrait dire que le surjeu des acteurs au début n’aide pas forcément à rentrer dans le film mais une fois installé, on ne décroche plus. En plus d’être drôle, Mandibules est aussi léger avec ses airs de vacances et son parfum de Provence. En bref, c’est un peu régressif mais ça fait vachement du bien.

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