Titre : La Guerre de Franci
Autrice : Franci Rabinek Epstein
Editions : Flammarion
Date de parution : 10 février 2021
Genre : Autobiographie, Histoire
Ce témoignage vient de loin. Si Franci Rabinek Epstein l’a écrit dans les années 70, personne n’a voulu le publier. Ce n’est que quarante ans plus tard, que sa fille Helen Epstein, autrice d’ouvrages sur les descendants des victimes des camps de la mort, a réuni les notes de sa mère pour l’éditer.
Dans La Guerre de Franci, on découvre le destin de Franci qui passa par pas moins de trois camps de concentration. Elle sera d’abord déportée au ghetto de Theresienstadt, sorte de camp de concentration « modèle » pour les juifs tchèques, dont les nazis se servaient comme vitrine de bonnes conditions à destination de la Croix Rouge et des puissances étrangères. En punition des magouilles de son petit ami, elle est ensuite envoyée à Auschwitz puis vers divers petits camps de travail aux quatre coins de l’Allemagne. Pendant la retraite de l’armée allemande, elle est envoyée pendant une dizaine de jours à Bergen-Belsen où les déportés sont entassés sans que l’on s’occupe d’eux.
Pourtant, elle sortira vivante de chacune des épreuves et décidera dans les années 70 de témoigner le plus fidèlement de ce qu’elle a vécu pour que cela ne se reproduise plus. Etonnamment, aucun des éditeurs contactés ne sera intéressé, à cause du récit que proposait Franci Rabinek Epstein et l’embarras qu’il procurait. A cette époque, personne ne souhaitait entendre parler des sévices sexuels qu’ont subi les femmes et les enfants dans les camps ou encore les nombreuses histoires d’amour (intéressées ou non) qui se sont construites au milieu de l’enfer.
C’est pourtant ce qui rend si précieux ce témoignage. Sa longue description du site de Theresienstadt est assez unique pour susciter l’intérêt. S’il est souvent mentionné dans les différents témoignages de rescapés, il est rarement aussi précisément et exhaustivement expliqué.
Dans La Guerre de Franci, Franci Rabinek Epstein arrive à replonger sans pudeur dans cette période affreuse de sa vie et fait découvrir au lecteur une partie plus méconnue de la vie des camps. Quand elle n’arrive plus à supporter ses souvenirs, elle quittera le « je » pour la troisième personne. C’est-à-dire de son arrivée à Auschwitz jusqu’à la libération de Bergen-Belsen.
Pour les thématiques et lieux qu’elle aborde, le témoignage d’Epstein est essentiel et permet à titre posthume de rattraper l’ignorance faite à son égard.