scénario: Xavier Dorison , Emmanuel Herzet
dessin: Cédric Babouche
éditions: Le Lombard
sortie: 29 août 2014
genre: Aventure, historique, guerre
Front de l’Aisne, première guerre mondiale. Le sergent Sabiane et ses hommes sont renvoyés au front. Il ne reste presque plus rien de cette compagnie décimée par le guerre. Leur quotidien se résume à la violence et à la mort qui les attend dans un décor de terres déchiquetées par les canons. Leur moral est au plus bas mais ils ne peuvent se soustraire aux ordres. Jusqu’au jour où ils croisent une compagnie qui leur remet la pétition de la côte 108. Une pétition signée par plus de 3000 hommes qui dénoncent les généraux qui les envoient chaque jour à l’abattoir. Que vont-ils en faire? Ils savent que leurs seules signatures peuvent les mener au peloton d’exécution. Mais le peloton ou le front, quelle différence ? Ils décident donc de porter cette pétition à Paris pour leurs frères d’armes et pour qu’enfin les choses changent.
Déjà Morts Demain est le premier tome du diptyque Le chant du cygne. Dans le climat de commémorations actuelles, il sera plutôt bien accueilli. Cette bande dessinée est avant tout un hymne au désespoir qui régnait pendant cette guerre plutôt qu’un cours d’histoire. En effet, les faits relatés ne sont pas réels mais le décor et l’ambiance, incroyablement retranscrits par les auteurs, ont bien existé. On ressent un énorme travail de documentation qui permet au lecteur d’être plongé dans le climat d’horreur qui régnait à cette époque. Le grand thème de cet ouvrage est clairement le peu d’importance de la vie des soldats sur le front pourvu que les résultats soient présents. On ne s’étonnera pas de la vague de mutinerie qui frappa les troupes françaises à la fin de la guerre. Pourquoi se battre pour son pays si vous sentez que votre vie ou celle de votre compagnon n’a aucune importance pour vos dirigeants ? Les résultats n’étaient même pas probants. La boucherie sans aucune victoire aurait démoralisé n’importe lequel d’entre nous.
En ce qui concerne la mise en couleur, on ne peut qu’être immédiatement séduit. Cédric Babouche en est à son coup d’essai pour ce qui est de la bande dessinée mais au premier coup d’oeil, on constate une énorme maitrise du trait et de la couleur. En effet, c’est un grand nom dans le domaine de l’animation. Son style est caricatural sans être lourd. L’aquarelle est appliquée de manière libre et souple, ce qui donne un côté dynamique aux planches. Cette technique plus traditionnelle correspond parfaitement à l’histoire sans pour autant manquer de modernité.
En fin de compte, on ne peut être que séduit par ce premier tome. On accompagne cet ultime cri de désespoir poussé par des hommes qui ont atteint leurs limites. Et nous qu’aurions-nous fait ? Serions-nous allé courir au devant de la mort pour suivre les ordres ou aurions-nous eu la folie de braver l’autorité pour qu’enfin les choses changent ?