auteur : Eric Paradisi
éditions : JC Lattès
sortie : 27 août 2014
genre : Historique, guerre, shoah, témoignage
Maurizio est coiffeur et aime son métier. Il est doué et sait qu’il ne se lassera pas de faire cela toute sa vie. Il vit à Rome dans les années 40 et a un seul gros problème : il est juif. Et commence alors la descente aux enfers. De coiffeur passionné, il deviendra coiffeur survivant, s’acharnant au travail, coupant et entassant cheveux et nattes de milliers de corps sans vie. Le jour où il tient entre ses bras le corps à peine refroidi et sorti de la chambre à gaz de son unique amour Alba, sa volonté de survivre vole en éclat.
Avec intelligence et délicatesse, Eric Paradisi nous fait suivre pas à pas les étapes du calvaire de Maurizio, à travers ses coups de chances et ses souffrances, dans un monde où ne règne plus que la haine et la mort. Le récit de Maurizio est raconté avec beaucoup de réalisme et sans enrobage. Sans tomber dans l’historique minutieux et froid, ce roman nous plonge dans le quotidien de ce juif survivant que l’on ne veut plus quitter. Affrontant page à page les épreuves avec le personnage, le lecteur s’affranchit peu à peu de cette boule au ventre née de la dureté des évènements relatés, pour se laisser glisser aux côtés de Maurizio et lutter avec lui pour sa survie.
Le récit croisé de Maurizio et d’une inconnue parlant poétiquement à son amour invisible intrigue et dérange, ce doublé ne s’imbriquant pas l’un dans l’autre et les histoires étant en décalage tout en étant reliées. Au plus Maurizio avance vers son destin, au plus cette inconnue se dévoile et révèle son histoire par fragments d’ombre décollés petit à petit. Ce jeu de cache-cache entre les deux histoires n’est pas sans déplaire au final et se révèle assez magistral à la fin du roman. Le dénouement des histoires est justement à souligner, où la plume d’Eric Paradisi explose emportant avec elle le reste des larmes que le lecteur aura versé.
Un roman sombre et triste, oui, mais surtout intense et captivant.