Scénario : Frédéric Godart
Dessin : Zoé Thouron
Editeur : Casterman
Sortie : 24 février 2021
Genre : Documentaire
La mode. Délaissée par la communauté scientifique qui souvent la rabaisse à sa simple valeur industrielle, jugée superficielle de surcroît, la mode se situe pourtant au confluent de nombreux domaines d’études ; l’art, la sociologie, l’économie et de manière plus générale les sciences humaines. Et c’est ce qu’entend bien prouver dans cette bande dessinée, La Mode déshabillée, Frederic Godart, professeur et chercheur en sociologie, spécialisé dans les industries créatives.
Dans La Mode déshabillée, Godart nous explique, tour à tour, quelles sont les différences entre style et mode, les causes et conséquences sociologiques du concept de tendance, l’enjeu écologique de l’industrie, le rôle du mannequin dans notre rapport au corps et comment, grâce à des mécanismes sociétaux, l’industrie de l’habillement parvient à prédire et à imposer les modes. Si l’auteur entend bien rendre au sujet toute la légitimité scientifique qu’il mérite, il garde tout de même à l’esprit les enjeux du médium qu’il utilise, à savoir la bande dessinée, et agrémente son discours d’anecdotes légères et de faits historiques. Le sociologue se penche alors sur les origines du dandysme, l’histoire des capitales de la mode, ou encore la revalorisation du fameux chaussette-sandale.
Sérieux et divertissant
En parlant de mode, il en est une autre qui ne nous a pas échappée. La vulgarisation de sujet scientifique a le vent en poupe, que ce soit sous forme de podcasts, d’animations ou encore de bandes dessinées. Rien d’étonnant dans un monde où l’information accessible sans limite doit se montrer de plus en plus condensée. En bande dessinée plus spécifiquement, le genre se développe autour d’un graphisme souvent léger et humoristique, coloré et rapide qu’on retrouve, sans surprise, dans cet ouvrage. Sans être révolutionnaire – on n’est pas subjugué par des prouesses techniques ou encore une originalité stylistique – le trait de Zoé Thouron est efficace.
D’autre part, la dessinatrice, en prenant le parti de l’humour, travaille les cases comme une série de petits sketchs dont les acteurs ne sont autres que les deux auteurs caricaturés – une artiste qui croule sous les informations à dessiner et un sociologue stylé qui soliloque – accompagnés de leur grande acolyte Marie-Antoinette.
Dès lors, même si parfois, le mélange entre l’aspect théorique et les blagues dessinées rendent l’ensemble un peu cacophonique, on apprécie la valeur divertissante du choix narratif. Et après tout, le principal n’est-il pas de se détendre en apprenant ?