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    « Erostrate for ever », pour le meilleur et surtout le pire

    Titre : Erostrate for ever
    Auteur : Aïssa Lacheb
    Editions : Au Diable Vauvert
    Date de parution : 7 janvier 2021
    Genre : Roman

    Qu’est-ce qui fait que la vie de l’un sera douce et que la vie de l’autre non ? Qu’est-ce qui fait que certains semblent tracer leur route sans encombres et que d’autres triment jusqu’à la chute ? Avec Erostrate for ever, Aïssa Lacheb ne se pose pas ce genre de questions qui pourront nous venir à la lecture. Il ne fait que narrer, sans jugement aucun, ceux qui souffrent et qui se débattent avec une existence qui ne leur épargne rien, qui n’offre aucune respiration.

    Chaque chapitre est consacré à un personnage et la rengaine macabre est presque toujours la même : un être qui se hait à en vomir, un désespoir intense et une pulsion de mort vive et irréversible. Les causes et raisons sont diverses, mais toutes sont si fortement ancrées que ni le personnage ni le lecteur ne peut oser croire à un mieux. De plus, la descente aux enfers de chacun est précisément décrite, de manière très crue et vraie, organique aussi. On peut ressentir les corps dépérir petit à petit, de même que les esprits.

    Osons faire un lien cinématographique tout public avec Requiem for a Dream qui a su mettre en images les addictions et les mécaniques de chute inéluctable grâce à une esthétique clipesque et très sensorielle. Si ce film vous a parlé, il est quasi sûr que ce livre le fera aussi.

    Ce roman est éminemment humaniste et tendre et ce, malgré la violence qui le traverse de page en page. Aïssa Lacheb met ses fulgurances poétiques au service de parcours de vie puant le déterminisme et de personnages englués sans espoir dedans. Un roman brillant et bon, profondément bienveillant.

    Pour conclure, un petit point sur qui était l’Erostrate du titre. Erostrate est l’incendiaire du temple d’Artémis à Ephèse, une des Sept merveilles du monde antique. Il justifiera son geste, paraît-il, en disant qu’il souhaitait entrer dans la postérité et qu’il n’aurait trouvé que ce moyen pour y parvenir. Brûler pour qu’on se souvienne de nous donc, encore faut-il brûler ce qui est remarquable. Mais qu’en est-il de nos propres vies qui nous semblent parfois si douloureusement insignifiantes ?

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