Titre : Le biberon numérique
Auteur : Stéphane Blocquaux
Editions : Artège
Date de parution : 13 janvier 2021
Genre : Essai, Société
Dans cet essai, Stéphane Blocquaux, spécialiste des sciences de l’information, donne des outils aux parents sur comment gérer la relation de l’enfant avec les écrans connectés. Il essaie d’articuler un point d’équilibre pour mettre en place une utilisation d’internet plus raisonnée et plus sûre en freinant le temps passé sur les réseaux sociaux, à surfer ou encore à jouer en ligne.
La grande majorité des parents s’interroge de nos jours sur le temps passé par leurs enfants sur les écrans et sont en quête de la bonne approche. Plus encore avec la Covid et le confinement, l’attrait de l’internet ne cesse de se renforcer. Sa disponibilité à toute heure et son côté immersif jouent en sa faveur. Si c’est bien la nounou la moins chère que les parents ont à disposition, elle ne vient pas sans inconvénients. Souvent captivés par les écrans, les enfants oublient tout et ont bien du mal à décrocher, voire tombent dans la cyber-dépendance.
Avec Le biberon numérique, Stéphane Blocquaux fait le pari de donner un état des lieux de la relation entre les jeunes et le net, et d’expliquer la meilleure façon pour les parents d’éduquer leurs enfants au virtuel, en s’appuyant sur ses recherches et de l’expérience tirée de ses formations et conférences dans les écoles ou auprès de publics variés. La première moitié de cet essai est plutôt théorique alors que la deuxième partie est plus pratique et répondra mieux aux attentes de parents en quête d’outils pour maîtriser le temps que leur progéniture passe devant les écrans.
Dans un monde où réel et virtuel s’entremêlent toujours plus, internet pose des enjeux supplémentaires sur la construction identitaire, surtout lors du cap difficile de l’adolescence. Nos ados doivent non seulement apprendre à se connaître et à s’affirmer dans la vie physique, mais aussi développer (ou subir) leur identité digitale et digérer un flux d’infos en continu.
L’auteur a pris le parti de diviser son ouvrage en saisons et épisodes pour surfer sur la vague des séries. Cette touche d’originalité tout comme les nombreux smileys ou quelques anglicismes (items) qui ponctuent cet essai seront diversement appréciés. En conclusion, il avertit le parent-lecteur de sa responsabilité : « il faut préserver le temps de l’enfance ». Le visionnage de contenus pour adultes, que ce soit des contenus à caractère sexuel ou violent, termine l’enfance plus tôt. Face à ce constat, l’auteur enjoint les parents à garder un œil sur la consommation de leurs enfants, littéralement, en achetant des logiciels permettant de prendre le contrôle de leur tablette à distance.
Pour « lutter contre l’envahisseur numérique » qui cherche à s’imposer sur tout le temps libre des enfants, Stéphane Blocquaux préconise de faire réaliser à ces derniers le temps passé sur les écrans, en leur faisant faire le décompte écrit du temps passé en ligne sur une semaine. Ce constat peut être l’occasion d’un sursaut par le jeune lui-même. Un brin fataliste sur la capacité des enfants à occuper leur temps libre ou à accepter l’ennui et le désœuvrement, périodes particulièrement propices à l’évasion sur la toile, l’auteur propose de mettre en place des activités qui pèsent lourd en temps ou en euros pour concurrencer les activités en ligne. Il recommande également aux parents de faire un effort de compréhension de la culture numérique – pour savoir de quoi ils parlent – et de montrer aux enfants comment internet stockent leurs données personnelles.
L’auteur ne met pas l’internet et la télévision dans le même sac, car cette dernière ne programme pas de contenus choquants à des heures où les enfants sont censés la regarder, ni ne permet de faire de mauvaises rencontres. Son propos s’en tient aux objets connectés, avec une recommandation claire : pas de smartphone avant l’entrée en lycée (cinquième secondaire).
De nombreux passages résonneront aussi bien pour les enfants que pour les adultes, notamment sur l’addiction aux écrans qui a augmenté du fait du confinement, en partie alimentée par une volonté de s’échapper des quatre murs de son chez soi. Il est fort à parier que plus d’un parent pourra s’approprier les recommandations de l’auteur et réalisera sa propre dépendance aux écrans…