Adieu les cons
d’Albert Dupontel
Comédie
Avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Jackie Berroyer, Philippe Uchan
Sortie le 21 octobre 2020
Quand Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est atteinte d’une maladie incurable, elle essaie par tous les moyens de retrouver la trace de son fils, qu’elle avait abandonné à la naissance. Elle entraîne dans sa quête JB, un employé de bureau en plein burn-out qui se retrouve accusé à tort d’avoir voulu faire un massacre sur son lieu de travail, ainsi qu’un archiviste aveugle un peu collant. Le trio de fortune se retrouve donc plongé dans une aventure rocambolesque, au sein d’une société dont ils sont devenus les parias.
Si le début d’Adieu les cons a des atours sympathiques, principalement parce qu’il prend comme personnages principaux des marginaux, des laissés pour comptes, des « quantités négligeables », il n’en arbore pas moins déjà une esthétique post-Besson, post-Jeunet, caractéristique du cinéma d’Albert Dupontel, lequel est inexplicablement considéré par beaucoup de ses admirateurs comme un auteur.
Ce film-ci comme les précédents est toujours ostensiblement criard, au propre comme au figuré, et s’inscrit comme d’habitude dans un désir d’esthétisation, de plus-value « cinématographique » au sens le plus niais du terme, celui d’une « déréalisation » systématique, principalement actée par la photographie, mais aussi par le jeu outré, cartoonesque, de ses comédiens.
Mais au-delà de cet aspect déjà ingrat de comédie hystérique qui veut se faire remarquer, Adieu les cons s’affirme en plus progressivement comme déplaisamment réactionnaire, critique de tout et de n’importe quoi, un peu comme les élucubrations d’un vieillard sénile mal dans son époque. La critique sociale et sociétale, quand elle n’est que ressassement – et qu’elle emprunte de plus une forme passéiste, tout sauf inventive malgré ce qu’elle voudrait bien faire croire –, s’avère malheureusement peu productive.
Dans sa dernière ligne droite, le film devient même idéologiquement douteux, se lançant dans un éloge maladroit et embarrassant des « creeps » et des « stalkers », eux aussi englobés dans la masse des laissés pour compte que le film tend à « défendre ». Enfin, tout ça se clôture de manière abrupte par une fin faussement désespérée et réellement opportuniste qui vient donner tout son sens, désespérément lourd, à ce titre dont on ne sait trop s’il s’adresse aux spectateurs qui viennent de donner leur temps au film : Adieu les cons.